Saison théâtrale 2019/2020

… »Vous êtes d’horizons divers, habitants de Vénissieux, mais aussi de toute l’agglomération, puisque le rayonnement de notre Théâtre, dépasse les frontières communales. »…

C’est toujours un immense plaisir de vous retrouver en ce lieu et je vous remercie toutes et tous de votre présence.

Pour Paul Valéry, « L’objet profond de l’artiste est de donner plus qu’il ne possède ». Le théâtre, comme art vivant, vérifie cette pensée.

Chaque spectacle laisse une trace, dans la subjectivité de celui qui regarde, qui l’interprète, l’enrichit et en fait son propre objet, sa propre histoire. Voilà comment opère la magie du théâtre, qui pousse le spectateur à devenir acteur.

J’aimerais commencer par vous rendre hommage, à vous, les usagers du théâtre de Vénissieux. Vous avez occupé cette salle, tout au long de la saison précédente, avec un taux de remplissage de 87 % et 11 664 entrées. Mais vous faites beaucoup plus que cela. Vous êtes, par votre présence indéfectible, par votre participation, vos réactions, vos encouragements, vos émotions, des acteurs à part entière de ce qui se joue ici. Vous êtes les maillons indispensables de cette éducation populaire, que nous faisons ensemble.

Vous êtes d’horizons divers, habitants de Vénissieux, mais aussi de toute l’agglomération, puisque le rayonnement de notre Théâtre, dépasse les frontières communales. Vous êtes de tous âges, avec 4 690 élèves de la ville, venus assister à un spectacle au cours de l’année.

La vocation de la culture, n’est pas de rester dans l’entre soi, mais de s’ouvrir à tous, et plus particulièrement, au public qui s’en imagine éloigné. Alors, vous tous, qui êtes notre meilleur relais, n’hésitez pas, invitez vos voisins, vos amis, à franchir le pas, et à découvrir la nécessité de ce lieu.

Vénissieux, ville populaire, industrielle et fière de ses racines, porte haut et fort ses ambitions culturelles. En consacrant 8% de notre budget, à la culture, nous affirmons que la création artistique, la transmission, l’éducation, le partage et la rencontre avec l’art, sont notre bien commun. S’agissant d’un véritable enjeu de société, nous refusons la marchandisation qui guette, cherchant à uniformiser, à standardiser, et pénalisant la diversité esthétique.

La culture prend toute sa place, à Vénissieux, quand dans le même temps, elle reste dans l’angle mort des politiques publiques nationales. Il y a un signe qui ne trompe pas, la question culturelle est un sujet pratiquement absent, des débats de l’assemblée nationale. C’est un symbole flagrant d’une politique d’austérité, qui rétrograde la culture au second plan des politiques publiques.

Les crédits accordés par l’Etat sont toujours, et encore, inférieurs à 1% du budget national.

Nous devons collectivement, refuser l’appauvrissement de la culture, ainsi que les fractures sociales, et territoriales qui en découlent.

Investir dans la culture, c’est investir dans l’avenir, et ce sont avant tout les collectivités territoriales, qui mènent ce combat de la démocratisation, de l’émancipation, en assumant presque les ¾ des dépenses culturelles publiques.

Les élus de la ville de Vénissieux, tiennent fermement le cap, quand bien d’autres communes cèdent sous la pression, exercée par l’Etat, et l’assèchement des finances locales.

Nous continuons de développer, ce pan de notre service public, pour encourager la création et la diversité des expressions artistiques, favoriser l’accès à tous, éduquer, libérer.

Nous acceptons avec beaucoup de fierté, l’héritage laissé par des décennies d’une politique culturelle volontariste. Notre ville garde la trace, de l’engagement des équipes successives, des hommes et des femmes militants de la culture. Notre territoire est maillé d’équipements, nos actions sont multiples, et nos manifestations tout public.

Je souhaite également saluer, et remercier, Françoise Pouzache et son équipe. La Machinerie que vous pilotez depuis plus de trois ans, a su jumeler le théâtre de Vénissieux et Bizarre !

C’est un pari audacieux, que nous avons fait de proposer aux artistes, comme aux amateurs, des parcours de découverte, des rencontres artistiques. Les deux équipements réunis, offrent un large panel de propositions : spectacles, concerts, ateliers en milieu scolaire, ateliers pour le grand public. Ils ont également en commun, l’accueil d’artistes en résidence, dans un processus de création.

La Ville de Vénissieux, reste le premier financeur de la Machinerie, qui reçoit aussi le soutien de l’Etat, pour son travail en direction des publics, et l’accueil d’artistes en résidence. La Région Rhône-Alpes, et la Métropole sont également impliquées au titre du label Scène Régionale.

La Machinerie est à présent, une Scène d’Intérêt National. Il s’agit là, d’une véritable reconnaissance de notre politique culturelle, et du travail réalisé.

En ce qui concerne la prochaine saison théâtrale, il est prévu de mettre « le monde sur écoute » avec 24 spectacles, dont 9 créations. Voilà de quoi alimenter notre curiosité, et permettre à chacun, de se constituer une réserve intellectuelle hétéroclite, bien utile dans l’exercice de notre citoyenneté.

Notre mission éducative nous engage aussi, à nous préoccuper des citoyens de demain, l’enfance et la jeunesse ne seront évidemment pas oubliées, par cette programmation 2019-2020.

Au-delà des spectacles, il y a également un immense travail, de pédagogie et d’accompagnement, réalisé lors des ateliers de pratique, des rencontres avec des artistes, des restitutions sur scène, ou des sorties en famille.

« Mettre le monde sur écoute » il en sera aussi question, à l’occasion du festival Sens Interdit, qui propose tous les deux ans, des spectacles venus du monde entier, sur des problématiques de mémoires, d’identités et de résistances. Pour cette saison, nous accueillerons le spectacle Unwanted, sur la difficile thématique des femmes violées durant la guerre au Rwanda.

Mémoire et résistance, éducation populaire, démocratisation culturelle, émancipation, éducation à la citoyenneté : le théâtre de Vénissieux relève le défi. Mais rassurez-vous, la saison sera aussi placée, sous le signe de l’humour, de la danse et de la poésie. Et puisque vous côtoierez ici même, le petit prince dans un spectacle SLAM, je terminerais sur ces mots d’Antoine de Saint-Exupéry « Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité ».

Je vous souhaite une très bonne soirée, et une très bonne saison.

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