Métropole : Budget primitif 2020

… »Mais ce projet de budget, nous montre qu’une fois encore, la Métropole se pose en parfait soldat du Président de la République, et du gouvernement, ce qui n’étonnera personne. »…

Cette délibération nous présente, un tableau idéal de la Métropole. Mais que dit ce budget, de la situation réelle de nos concitoyens, sur les questions vitales du logement, de l’insertion, du bien vieillir, de l’éducation, de l’environnement ? Peu de choses finalement.

Bien sûr, nous nous félicitons de la bonne santé financière, de la collectivité. Mais dans une période de contestation sociale généralisée, face à un gouvernement, qui fait passer les intérêts du capital, avant ceux de ses citoyens, nous aurions aimé que l’action de la Métropole, soit un contrepoids aux politiques de casse du service public, et de la solidarité nationale. Malgré les attaques continues, contre la libre-administration des collectivités, avec la contractualisation, la baisse des dotations et la réforme de la fiscalité locale, la Métropole a la capacité d’agir pour répondre, à son niveau, à l’urgence sociale et climatique, contrer l’entreprise de démolition menée par le gouvernement, soutenir l’action de proximité des communes.

Mais ce projet de budget, nous montre qu’une fois encore, la Métropole se pose en parfait soldat du Président de la République, et du gouvernement, ce qui n’étonnera personne.

Cette délibération souligne le dynamisme économique de notre territoire. Mais il ne profite que très peu aux communes, qui supportent pourtant l’essentiel des coûts, liés au développement urbain. On nous promet, un doublement de la dotation de solidarité communautaire en 3 ans, mais sans aborder le faible taux de redistribution de la taxe d’aménagement, qui ne prend pas en compte les particularités des territoires.

Le développement équilibré de l’agglomération, n’aura de réalité qu’avec une péréquation équitable, : les outils financiers et administratifs existent, il faut les rediscuter collectivement.

Le futur pacte financier, et fiscal doit impérativement tenir compte, des besoins des communes, principaux investisseurs en équipements de proximité.

Penchons-nous également, sur la fameuse politique de rayonnement et d’attractivité, brandie comme un étendard, mais qui n’a pas de sens sans maîtrise ni encadrement, : course à la construction, flambée des prix de l’immobilier… le territoire de la Métropole est devenu si attractif, qu’il échappe à ses habitants, et notamment aux classes les plus populaires !

Sur le volet du logement, nous saluons le succès d’Ecoreno’v. La création de l’Organisme de foncier solidaire de la Métropole de Lyon, est aussi une avancée pour maîtriser la spéculation foncière, et faciliter les acquisitions par les ménages modestes. Voilà le type de dispositifs, sur lesquels il faut innover. La Métropole doit aussi s’engager, en faveur du logement social, attaqué par la politique gouvernementale, qui assouplit la loi SRU, ouvre la vente de logements sociaux à la spéculation immobilière, entame les ressources des bailleurs, en leur imposant de compenser la baisse des APL… L’objectif de production, de 4 000 logements sociaux par an, doit être doublé : il n’est pas acceptable que 65 000 demandes soient aujourd’hui en attente, encore moins que, 1 500 personnes dorment dans la rue. Nous devons aussi, lancer un véritable plan de résorption de l’habitat insalubre, avec des moyens à la hauteur des enjeux.

L’urgence sociale, à laquelle est confrontée la Métropole, c’est aussi celle de la prise en charge des mineurs non accompagnés, et des jeunes majeurs. Nous y consacrons des moyens conséquents. Mais est-ce suffisant, quand on sait dans quelles conditions, ces enfants arrivent sur notre territoire ? Quand on sait que passé l’âge fatidique de 18 ans, dûment vérifié, de jeunes majeurs se retrouvent souvent sans aide ? Sur ce sujet, la Métropole ne peut pas agir seule. Or le gouvernement ne prend pas ses responsabilités, et laisse les collectivités concernées se débrouiller, comme elles le peuvent, : cette situation doit changer.

La même question se pose, pour les budgets alloués aux politiques en faveur des personnes âgées, handicapées, ou de la protection maternelle et infantile. Peut-on se satisfaire du manque de structures d’accompagnement sur notre territoire, notamment en matière de vieillissement ?

La carence du service public dans ce domaine, ne peut pas être compensée par le secteur privé, à moins de considérer, que le bien vieillir n’est réservé, qu’aux classes sociales les plus favorisées.

Nous notons la poursuite d’un engagement financier conséquent, sur le versement du RSA. L’augmentation du nombre de bénéficiaires nous alerte, mais c’était prévisible avec la fin des contrats aidés, pour lesquels le gouvernement n’a pas proposé de solution alternative. Les moyens doivent être maintenus sur les parcours d’accompagnement, et le soutien à l’insertion par l’activité économique.

Nous attendons par ailleurs de voir, si la fin des PLIE, et la création du GIP « Maison métropolitaine d’insertion pour l’emploi », permettra réellement de dynamiser les services proposés aux publics en insertion.

Sur toutes ces politiques de solidarité, nous regrettons que la stratégie nationale de prévention, et de lutte contre la pauvreté, présentée par le Président de la République, comme la réponse à tous les maux, et pour laquelle la Métropole est territoire démonstrateur, se traduise dans les faits, par un saupoudrage de financements peu lisible, là où nous avons besoin d’engagements, solides et clairs.

D’autre part, l’importance des budgets consacrés à l’éducation, ne doit pas masquer l’état de délabrement de certains de nos collèges, et le manque d’anticipation, quant à l’évolution de la population scolaire. Nous demandons un plan partagé, de construction et de rénovation des établissements, qui permettra de garantir, une équité de traitement à tous les collégiens de la Métropole.

Je terminerai en évoquant la question, de la transition énergétique et des transports. Il faut aller plus loin, pour répondre à l’urgence environnementale et climatique. Le PDU doit permettre de sortir du tout voiture, en développant notre réseau de transports en commun, et en instaurant des politiques de gratuité, et pas seulement pour les congressistes internationaux ! Par ses choix budgétaires, la Métropole doit pousser au développement des modes doux, : pistes cyclables, abris sécurisés, multiplication des stations Velo’v dans les communes. Elle doit aussi peser, dans ses rapports avec la Région et l’Etat, pour le développement du rail, et d’un RER à la lyonnaise.

Le gouvernement, au nom de la réduction de la dette publique, vide de contenu le principe de libre administration des collectivités territoriales, en asséchant toujours plus leurs finances. La Métropole a perdu 116 millions de dotations, entre 2015 et 2018, et les budgets successifs s’en ressentent, mais nous ne vous avons pas beaucoup entendu vous opposer à ces réductions, bien au contraire. Nous pensons pourtant, que la situation d’urgence dans laquelle nous nous trouvons, nécessite des choix budgétaires plus ambitieux, et soucieux des particularités des territoires, des politiques publiques plus engagées, et tournées vers les besoins des habitants. Nous nous abstiendrons donc, de voter ce budget.

Je vous remercie.

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