Journée Internationale de la Paix

… »La paix passe par l’éducation, et ce n’est pas un hasard, si j’invite aux commémorations historiques de notre ville, les jeunes élus du CME. La démocratie, l’ouverture aux autres, l’émancipation et l’esprit critique, ça se transmet et ça s’apprend aussi. »…

Œuvrer pour la paix n’est pas une question d’époque, ni de contexte. C’est une question de transmission, de mobilisation, non pas d’une génération, mais de toutes les générations. Offrez des espaces à la haine, au rejet, au racisme, offrez des opportunités au nationalisme, au populisme, et vous créerez les cauchemars de demain.

L’allusion n’est pas innocente, tant l’Europe joue à nouveau, avec ses propres démons, et tant la brutalité et la violence frappent, aujourd’hui encore, des dizaines de milliers de civils innocents, dans des villes et des pays ravagés par la guerre. La paix n’est jamais acquise, ne nous est pas due. Souvenons-nous de l’insouciance qui régnait en juillet 1914, dans les capitales européennes, avant que le Vieux Continent ne sombre, quelques jours plus tard, dans un chaos jamais connu.

La vigilance est le maître mot, mais encore faut-il lui donner les moyens de l’entretenir ?

La paix passe par l’éducation, et ce n’est pas un hasard, si j’invite aux commémorations historiques de notre ville, les jeunes élus du CME. La démocratie, l’ouverture aux autres, l’émancipation et l’esprit critique, ça se transmet et ça s’apprend aussi.

Etre en paix avec soi-même, c’est un premier pas, pour être en paix avec les autres.

Il est l’heure aussi, de rendre hommage aux associations présentes sur le terrain, celles qui se battent au jour le jour, contre l’usage de la violence, contre les discriminations sociales, territoriales.

Le Mouvement de la Paix fête cette année, ses 70 ans. Je tiens à saluer la présidente du mouvement à Vénissieux, Madame Arlette Cavillon, pour l’ensemble des actions menées dans notre ville.

Le renforcement d’une culture de la paix par l’éducation, la promotion d’un développement durable, sur les plans économique et social, l’attention au respect des droits de l’homme et à l’égalité entre les hommes et les femmes, font partie, entre autres, des missions que les 150 comités du Mouvement de la Paix, font vivre sur l’ensemble de notre territoire.

Il est frappant de constater, combien les valeurs de notre ville se confondent, avec les valeurs du Mouvement pour la Paix. Nos politiques de proximité, les choix que notre majorité défend, à travers l’éducation, l’accompagnement vers la citoyenneté, la présence forte de la culture dans tous les quartiers, renforcent le vivre ensemble. A l’heure des politiques d’austérité et du libéralisme dévastateur, le choix des sciences humaines est un choix fort, un choix de paix en somme.

Cette journée internationale 2018 marque aussi, le centenaire de la fin de la guerre 14-18. Ce que ces hommes et ces femmes de l’époque ont vécu, dépassent l’entendement.

La mémoire est ce qui nous protège. Il nous faut transmettre l’histoire de notre pays, sans l’édulcorer ni la réécrire, avec ses heures sombres, ses heures tragiques, ses acquis, et ses heures plus lumineuses.

Je constate que ce devoir de transmission, à l’égard des jeunes générations, est bien présent. Pour preuve, ces stands et expositions ici présents, réalisés par les élus du CME, les lycéens de Jacques Brel, ou encore les jeunes Vénissians ayant effectué deux voyages à vélo en Allemagne.

La paix commence là, par la faculté des jeunes à s’approprier l’histoire, à décrypter les inégalités sociales de telle ou telle époque, à mettre en perspective les événements et ruptures, qui jalonnent les siècles.

Des témoins comme Lucie et Raymond Aubrac, ou comme Charles Jeannin, ici à Vénissieux, forts de leurs expériences terribles, au cœur de l’occupation et des camps de concentration, ont consacré leur vie à la transmission, et à la prévention des conflits. La paix doit beaucoup à ces ambassadeurs et passeurs de mémoire.

Il me paraît également important d’être réconcilié avec sa propre histoire. La toute récente reconnaissance, par Emmanuel Macron, de la responsabilité de l’Etat dans l’exécution du mathématicien, et membre du PC Algérien, Maurice Audin, et dans la mise en place d’un système de disparitions et de torture à des fins politiques, en Algérie, marque une avancée. Il reste aujourd’hui encore, des béances.

Un siècle après, la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de la grande guerre, avance au cas par cas, se fait hésitante, et se fait attendre.

On sait que parmi les 740 exécutions de soldats français, la plupart ne fuyaient pas le combat, mais étaient des hommes usés, aussi bien physiquement que psychologiquement.

Notre ville, par l’intermédiaire de son sénateur Guy Fischer et de son député André Gerin, a mené cette bataille historique pour la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de 14-18, qui devra bien trouver une issue pour ces familles, qui se sentent blessées et déshonorées.

Vénissieux s’est déclarée ville de paix, par délibération, en 1994 et 2005. Peut-être parce qu’elle n’a pas oublié le lourd tribut payé, à la sortie de la 2ème guerre mondiale, qui lui valut, on a tendance à l’oublier, la Croix de Guerre en 1945.

Etre pacifiste, ce n’est pas tendre la joue face à l’adversité, trahir ses principes, comme lors des accords de Munich, c’est chercher la voie de la raison, la voie de l’intelligence, quand beaucoup tirent profit du bruit des armes.

Il faut du courage pour afficher de telles convictions, le courage des hommes comme Jaurès, Ghandi, Mandela, le courage des femmes comme Jane Addams, pour ses actions sociales et éducatives dans les années 30, Mère Teresa, les Libériennes Ellen Johnson Sirleaf et Leymah Gbowee, et tant d’autres.

Les tensions, guerres et drames, ne manquent pas sur notre planète en 2018. Un Monde de paix se construit jour après jour, et je salue tous ceux qui se sont associés, et ont apporté leur contribution à cette journée, ici à Vénissieux.

Oui, la paix est une création perpétuelle, toujours devant nous.

Je vous remercie.

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