Élimination de la violence à l’égard des femmes

… »Il faut ouvrir les yeux sur la réalité, même lorsque celle-ci vous glace le sang. 146 femmes ont trouvé la mort dans notre pays en 2019 dans le cadre du foyer conjugal, sous les coups et la violence de leurs conjoints ou maris. »…

La crise sanitaire, et toutes celles qui en découlent, crises économique, sociale, culturelle, accaparent toute notre attention. Aussi terribles et dramatiques soient-elles, notamment dans les quartiers populaires qui les subissent de plein fouet, ces crises ne doivent pas repousser dans l’ombre un fléau de société insupportable et inqualifiable : les violences faites aux femmes. Ce 25 novembre, la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes est là pour nous rappeler combien nos mobilisations et actions, dans les textes de loi et au plus près du terrain, sont la clé de ce combat de civilisation. La pandémie de Covid-19 et les périodes de confinement font craindre le pire car bon nombre de femmes se sont trouvées isolées, sous l’emprise d’un conjoint ou d’un mari violent et dans un contexte de stress et de difficultés économiques profondes. J’en veux pour preuve que le nombre d’appels reçus par le service d’écoute des victimes de violences conjugales a bondi d’environ 400% en France pendant le 1er confinement entre mars et avril dernier.

Il faut ouvrir les yeux sur la réalité, même lorsque celle-ci  vous glace le sang. 146 femmes ont trouvé la mort dans notre pays en 2019 dans le cadre du foyer conjugal, sous les coups et la violence de leurs conjoints ou maris. Entre 2018 et 2019, le nombre de féminicides a augmenté de 21 %, malgré les campagnes gouvernementales de sensibilisation ou les textes de loi adoptés ces dernières années. C’est dire si ce fléau est ancré dans nos sociétés et s’il y a urgence à l’éradiquer. Dans 41% des cas, ces femmes avaient été déjà victimes de violences avant les faits. 63% d’entre elles les avaient déjà signalées aux forces de l’ordre. Il y a donc un angle mort en matière de prévention ou de suivi des femmes très exposées dans leur sphère privée avant les dénouements tragiques que l’on sait. En mesurer l’ampleur et la diffusion, c’est rappeler que 268 tentatives d’homicide conjugal ont été recensées en 2019. Chaque année, près de 220 000 femmes sont concernées par ces actes odieux.

Un peu plus d’un an après le lancement du « Grenelle contre les violences conjugales », l’espoir suscité est quelque peu retombé. De nouveaux dispositifs ont été mis en place comme les 1000 bracelets anti-rapprochement, les ordonnances de protection et l’élargissement des conditions d’accès aux téléphones « grave danger » à des femmes déjà victimes de violences conjugales. La levée du secret médical en cas d’extrême danger et l’introduction de la notion d’emprise dans le droit pénal et civil constituent des avancées. Si les mesures législatives, les moins coûteuses, ont été mises en place, les acteurs de terrain déplorent un manque de moyens, notamment en matière d’accompagnement social des femmes victimes de violences. En septembre dernier, sur les 1000 nouvelles places promises par le gouvernement d’hébergement et de logements temporaires, la Fédération nationale solidarité femmes n’a pu en ouvrir que 155. Il y a un décalage manifeste  entre la volonté politique, qui est là, et un manque d’engagements et de moyens financiers de l’Etat. Sans la puissance publique, les résultats ne seront pas à la hauteur du défi. Juridiction spécialisée, bracelet, il y a 15 ans, l’Espagne, en se donnant les moyens et en mobilisant tous les secteurs concernés, a ouvert une voie dans la direction de laquelle la France devrait s’engager.

En ce jour de mobilisation internationale, Vénissieux reste bien évidemment à la pointe de ce combat. Agir contre les violences faites aux femmes, c’est agir au plus près de  la réalité, dans nos rues, nos quartiers, dans toutes nos communes. En parler est une condition nécessaire, mais pas suffisante : notre ville a donc pris des mesures fortes en mettant à la disposition des victimes un logement et en prenant en charge le financement d’une intervenante sociale au commissariat, un premier accueil essentiel pour orienter et rassurer la victime. Une psychologue, en poste depuis 2019, intervient également pour prendre en charge les victimes et aider à leur reconstruction, aussi bien mentale que physique, après de tels traumatismes.

Pour poursuivre, je rappelle la convention passée entre la Ville de Vénissieux et l’association VIFFIL-SOS FEMMES, qui nous permet d’accompagner 25 femmes vénissianes victimes de violences conjugales, aussi bien sur le pôle accueil-écoute que sur le pôle logement-hébergement. Par ailleurs, la prévention des violences conjugales constitue un axe prioritaire pour les communes de Vénissieux et de Saint-Fons, en partenariat avec l’association Viffil-SOS Femmes. Notre ville possède déjà un logement d’urgence pour les femmes victimes de violence. Saint-Fons souhaitait lui en dédier également. En effet, le logement d’urgence de notre ville peut être déjà occupé par une victime ou pas assez éloigné de l’auteur des violences. A travers cette convention tripartite, passée en 2019, nos deux communes conviennent du principe d’une mise à disposition respective des logements d’urgence. La mise à l’abri de la victime sur l’un des deux logements sera validée en fonction des risques évalués par Viffil et la coordinatrice sociale du commissariat de secteur. C’est l’association qui assure l’accompagnement social de la victime dès l’entrée dans le logement mais aussi à sa sortie.

La lutte contre les violences faites aux femmes est l’affaire de tous, des habitants aux élus locaux, de la police à la justice, des associations à l’Etat. Sensibilisation-prévention-sanction-accompagnement, c’est en agissant à tous les niveaux et collectivement que nous parviendrons à éradiquer un fléau effroyable, insupportable et en tout point inacceptable.

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