Journée de la mémoire des génocides et prévention des crimes contre l’humanité

Se souvenir pour prévenir, se souvenir pour rester vigilant et ne pas croire que nos démocraties sont plus solides aujourd’hui que dans les années 30. Se souvenir pour transmettre. Se souvenir que la prise de conscience des génocides du passé n’immunise pas de sa possible répétition ailleurs et plus près de nous dans le temps.

Deux phrases me reviennent souvent en mémoire. La première est d’Imre Kertesz, écrivain hongrois Prix Nobel de littérature en 2002, déporté à Auschwitz à l’âge de 15 ans, puis rescapé de Buchenwald. Peu de temps avant de mourir, l’auteur nous prévenait : « Auschwitz n’a pas été un accident de l’histoire et beaucoup de signes montrent que sa répétition est possible ». La seconde est d’Aharon Appelfeld, romancier et poète israélien, déporté dans un camp en Transnistrie, puis évadé et caché pendant de longs mois dans les forêts d’Ukraine. Il mettait en garde lui aussi contre la banalisation de la notion de génocide, sa lente érosion au fil du temps. « Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, des décennies se sont écoulées, et plus le temps passe, plus il semble que l’expérience de milliers et de dizaines de milliers de personnes soit repoussée dans un coin dénommé « tragique épisode ».

Se souvenir pour prévenir, se souvenir pour rester vigilant et ne pas croire que nos démocraties sont plus solides aujourd’hui que dans les années 30. Se souvenir pour transmettre. Se souvenir que la prise de conscience des génocides du passé n’immunise pas de sa possible répétition ailleurs et plus près de nous dans le temps. Rwanda, 1994, entre les mois d’avril et de juillet, le génocide des Tutsi par les Hutu fait près de 800 000 morts dans le pays. 1994, à l’échelle de l’histoire, c’est à peine hier. Ces concepts de génocide et de crime contre l’humanité sont nés après la seconde guerre mondiale. Lors du procès de Nuremberg, pour la première fois après un conflit mondial, l’objectif a été de chercher et juger les responsables du IIIème Reich, coupables d’avoir déclenché une guerre sans précédent et d’avoir procédé à l’extermination et l’élimination systématique des juifs d’Europe.

C’est le 18 octobre 2002 que les Ministres européens de l’éducation ont adopté la déclaration qui institue, chaque 27 janvier, une journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité. Cette date du 27 janvier correspond à la libération du camp d’Auschwitz par l’Armée Rouge, en 1945.

Il s’agit donc pour la communauté éducative de nourrir et stimuler les échanges avec les élèves sur des  notions humanistes comme celles de la dignité de la personne, du respect de la vie d’autrui et d’engager des actions, à travers des ateliers pédagogiques, sur la mémoire et l’histoire. En ces temps où une violence souvent aveugle règne, où les désinformations et manipulations circulent sur les réseaux sociaux et créent confusion et perte de sens, il est essentiel de multiplier et renforcer les missions pédagogiques auprès des jeunes générations.

Non seulement notre ville de Vénissieux a fait de l’apprentissage, de l’émancipation, de l’éducation, des écoles et de l’accès aux connaissances une priorité de son contrat communal, mais elle a aussi toujours tenu à élargir et étendre son travail sur la mémoire à travers de nombreux dispositifs. Sensibilisation dans les EPJ, dans notre Conseil Municipal d’Enfants, sensibilisation lors de nos commémorations auxquelles on associe des écoliers, dans nos expositions sur des thèmes historiques à la Médiathèque Lucie-Aubrac ou ailleurs, il faut semer, jour après jour, les graines de la tolérance et de l’ouverture d’esprit.

Même si elle est symbolique, et inscrite cette année en période de pandémie, cette journée de la mémoire des génocides et des préventions des crimes contre l’humanité a toute sa place et toute son utilité pour repousser l’oubli et bannir la violence et la barbarie.

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