Inauguration de la Mission Locale de Vénissieux

… »Rien ne doit être rédhibitoire. Si un jeune échoue dans une filière, il doit pouvoir rebondir, accéder à un autre cursus, se réorienter. »…

Il y a des décisions à prendre, au sujet desquelles, les interrogations sont de courte durée. C’est un fait assez rare pour le mentionner. Quand une opportunité se présente, que tout concourt à faire d’un projet une réussite, alors il faut avancer, vite et bien.

L’installation de la Mission Locale, dans les locaux de la maison des services publics de Vénissy, réunit l’ensemble de ces paramètres. L’opportunité s’est présentée, avec la fermeture de l’antenne de la Préfecture, en juillet 2016, point d’origine d’une transformation de la Maison des services publics. Une structure de proximité qui disparaît, n’est jamais une bonne nouvelle pour les habitants, et c’est avec regret, que nous avons dû acter la fermeture du guichet, au profit des démarches administratives dématérialisées, dans le cadre du Plan national « Préfectures nouvelle génération ».

Il fallait néanmoins sortir par le haut, de cette décision de l’Etat.

Aux côtés de la mairie de quartier, et de la maison de la Métropole, le repositionnement de la Mission Locale s’avérait pertinent et judicieux. La réhabilitation-restructuration, de la Maison des services publics s’inscrit, elle, dans le prolongement du projet d’ensemble, de création du quartier Vénissy. C’est cette cohérence des projets, qui a prévalu.

Les travaux se sont enchaînés, avec l’aménagement d’une nouvelle entrée publique, sur la nouvelle rue Albert Camus, le traitement des façades, des locaux de la Mission Locale, et des locaux de la Mairie de Quartier, des adaptations sur la Maison de la Métropole. Des travaux complexes, tandis que l’activité de la Maison de la Métropole se poursuivait, pour lesquels techniciens, ouvriers et le personnel en place, ont dû faire preuve de professionnalisme, de compétence et de patience.

Le coût de l’opération est à la hauteur de l’ambition, : nous avons investi plus de 2M d’euros, dont 630 000€ de subvention de l’Etat au titre de la DPV, et une participation de la Métropole à hauteur de 482 000€.

Mais l’essentiel est là, : pour la Mission Locale, et son équipe de 25 professionnels, pour les jeunes et la valorisation des dynamiques de quartier, les nouveaux locaux offrent une bien meilleure visibilité que les précédents, situés avenue de la Division Leclerc.

L’enjeu était donc double, en phase avec les priorités de la Ville, : maintenir les services publics dans tous les territoires, aider et accompagner les 15-25 ans, sortis du système scolaire, dans leur processus d’insertion sociale, citoyenne et professionnelle.

Au risque de me répéter, il faut donner aux jeunes, les moyens de leur réussite, de leur apprentissage et de leur parcours professionnel. Rien ne doit être rédhibitoire. Si un jeune échoue dans une filière, il doit pouvoir rebondir, accéder à un autre cursus, se réorienter.

On ne trouve pas du premier coup sa place, ni sa vocation, dans le monde du travail. Plus de souplesse, et moins de rigidité doivent donc les accompagner, tout au long de leur parcours scolaire.

Dans cette optique, je suis convaincue de la nécessité de renforcer le triptyque, éducation-formation-emploi, sans oublier l’insertion, pour accompagner les jeunes, dans le cycle de leur apprentissage, et d’entrée dans le marché du travail.

Il serait temps en France, que les filières des lycées professionnels soient mieux valorisées, car ce ne sont pas des voies sans issue, mais des enseignements et savoirs à part entière, dont les débouchés vers des métiers d’avenir, sont réels.

La prévention du décrochage scolaire, est un enjeu majeur des politiques éducatives. Dans le cadre de la stratégie Europe 2020, la France s’est engagée, à abaisser le taux de jeunes en dehors de tout système de formation, et sans diplôme du second cycle du secondaire, à 9,5 % en 2020.

Malgré ces efforts, et des chiffres en baisse depuis 2010, on estime malgré tout, que 100 000 jeunes sortent du système scolaire, sans diplôme de fin d’études secondaires (CAP ou baccalauréat).

Les risques d’inactivité et de chômage augmentent, sans oublier les effets psychologiques propres à la personne, comme le manque d’estime de soi, ou l’absence de  reconnaissance, du cercle familial ou social.

Dans ce contexte, le travail réalisé ici, dans la Mission Locale de Vénissieux, est fondamental. Fondamental et précieux, tant toute son équipe, son directeur Martial Guiguet, dévoué à la jeunesse depuis maintenant 28 ans, le CA et son président Saïd Alleg, tirent tous dans le même sens.

Je tiens à remercier également, tous nos partenaires et les entreprises impliquées, dont l’engagement au cœur de nos quartiers, illustre le pacte vénissian, entre tous les acteurs de terrain.

Les chiffres 2018 indiquent, 2700 jeunes inscrits en moyenne chaque année, dont un sur deux était une femme.

53% d’entre eux résidaient dans les quartiers Politique de la Ville, et plus de la moitié n’avait aucun diplôme. 77% des nouveaux inscrits étaient sans ressource, les ¾ n’étaient pas en possession du permis de conduire, et 27% vivaient en hébergement précaire.

Malgré ces difficultés et embûches, 600 jeunes ont été mis en situation d’emploi, résultat remarquable. C’est un accompagnement individualisé qui est mis en place ici, une immersion dans le monde du travail, du cv aux entretiens, formations, emplois, mais aussi une ouverture aux droits (santé, logement, culture) que beaucoup de jeunes ignorent.

Toutes les missions remplies, et actions menées par la Mission Locale sont importantes. Il y a l’orientation et l’information, 175 jeunes ont ainsi réalisé 208 stages en entreprise.

La formation et l’acquisition de compétences, comme l’apprentissage du français, pour franchir les barrières de la langue et de la communication. L’accompagnement vers l’emploi, bien entendu, mais aussi le programme « La garantie jeunes », mis en place pour les jeunes de 16 à 25 ans, vivant dans des conditions de ressources précaires, et en situation de grande vulnérabilité sur le marché du travail.

En 2018, 164 jeunes ont bénéficié du dispositif. C’est bien un rôle pivot, que joue la mission locale à Vénissieux.

En multipliant les clauses d’insertion, la Ville s’inscrit elle aussi dans cette perspective, afin de permettre aux jeunes de mettre, ou remettre un pied à l’étrier. Depuis 2014, le nombre d’heures d’insertion a augmenté de 231%. Sur le chantier Le Puisoz – Grand Parilly, 57 400 heures ont été effectuées au 31 Aout 2019 et ont permis à 179 personnes de travailler.

L’idéal, bien sûr, serait que ça débouche sur un emploi, pérenne de préférence, mais nous ne devons pas négliger ce premier pas, vers une activité professionnelle.

Par ailleurs, l’opération menée conjointement, par la Ville et Ikea, s’est soldée par l’emploi de 51 Vénissians.

Dans un contexte difficile, il faut se retrousser les manches, nous n’avons pas le choix. Je sais aussi, que les missions locales rencontrent aujourd’hui, de réelles difficultés.

A Vénissieux par exemple, les modifications des modes de financement ont amené l’Etat et la Région, à réduire leur contribution d’environ 5%.

A l’aune de la précarité actuelle chez les jeunes, diplômés ou non-diplômés, mais aussi chez les étudiants, au vu des obstacles rencontrés pour accéder au marché du travail, mettre en concurrence des organismes de formation, ou d’insertion est un non-sens.

Les urgences, ce sont les attentes et les besoins des 15-25 ans,  pas les logiques de marché et de profit ! Il ne faut pas se tromper de priorité, : c’est bien la jeunesse et sa place dans la société, comme dans le monde professionnel, qui comptent avant tout.

La Mission Locale en a conscience, tout en sachant aussi répondre aux exigences de ses financeurs, que sont la Ville, l’Etat et la Région.

Je souhaite à toute l’équipe de la Mission Locale, et aux jeunes qui en ont tant besoin, la bienvenue dans les nouveaux locaux de la Mission locale au sein de la Maison des Services Publics de Vénissy.

Je vous remercie.

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