Une démolition de logements, ce n’est jamais anodin, dans un programme de renouvellement urbain. C’est une opération qui peut vous parler, voire vous émouvoir intimement, vous retourner littéralement les tripes. Qui d’entre nous n’a pas plaisir (quand il retourne sur le lieu où il a grandi), à dire : « Voilà j’habitais dans cet immeuble, à tel niveau, ma chambre donnait sur tel ou tel paysage…». Et là, son ancien immeuble et lieu de vie, n’y sera plus. Et, il faudra faire des efforts d’imagination, pour se projeter mentalement dans son passé, et essayer de le faire partager aux autres. Décider de telles opérations est très difficile, pour le maire que je suis, car il en va beaucoup plus que d’une opération technique, sociale et urbaine.

Je voulais, par ses propos, dire que c’est de la vie de nombreux habitants dont il s’agit, mais qu’en ma qualité de décideur public, il m’appartient de faire les choix difficiles. Des choix dont je suis profondément convaincue, qu’ils sont nécessaires à l’évolution de notre territoire, à sa transformation avec, comme finalité, l’amélioration des conditions physiques et urbaines, pour plus de cohésion sociale et nationale. Je remercie tous les acteurs institutionnels (l’État, l’ANRU, la Métropole de Lyon…), le bailleur social ICF, les services publics techniques et sociaux, ainsi que les entreprises, qui rendent possible la conduite de ces opérations complexes de démolition, avec le souci et le respect permanent de l’habitant.

La Ville de Vénissieux a été présente tout au long de ce processus, à toutes les étapes, pour aider, trouver des solutions, et prendre soin des personnes. Je souligne et salue l’engagement de mes deux adjoints Idir Boumertit, adjoint au Grand Projet de Ville et au Patrimoine, et Pierre Alain Millet, adjoint au Logement, au Développement Durable et aux Énergies, pour leur implication bienveillante et décisive, auprès des acteurs et des habitants, pour dénouer les situations les plus complexes.

Tout est enclenché, pour que la démolition se passe dans les meilleures conditions. Un partenariat a été mis en place avec ICF, la Police Nationale, les pompiers et les services de la ville, pour garantir la sécurité des habitants, et les accompagner le jour de la démolition. Les riverains recevront toutes les informations nécessaires, notamment le périmètre d’évacuation, et le gymnase de secteur où ils seront accueillis, pendant toute la durée de l’opération.

La démolition de la grande barre ICF, rue Gaston Monmousseau, n’est pas la fin, mais plutôt un élément dans la continuité de la transformation que nous avons engagée, au titre de la Politique de la Ville et de l’ensemble des politiques publiques, pour les quartiers du plateau des Minguettes, pour Vénissieux, et pour la Métropole. Cette démolition s’inscrit dans un projet d’ensemble de moyen et long terme, dont nous avons signé la convention le 12 mars 2020, avec l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine, la Métropole de Lyon, les bailleurs sociaux (dont ICF, ici représenté par sa présidente du directoire Sophie MATRAT), et de nombreux autres partenaires.

Je rappelle que ce nouveau programme de renouvellement urbain est la continuité du premier programme national de rénovation urbaine (2005-2015), qui a permis notamment :

• La création d’un nouveau secteur commerçant à Vénissy, qui comprend 300 logements neufs, dont 50% privés, 7 200 m² de surface de commerce et d’activités économiques, et des services publics rénovés,
• La construction à terme (2022) de 1 020 logements neufs dont 465 logements sociaux,
• La réhabilitation de 2 000 logements sociaux, et 1 000 logements en copropriété,
• La réalisation de 16 équipements (dont Bioforce, l’extension du cinéma G. Philipe, le centre académique Michel Delay, le nouveau lycée polyvalent J Brel,…),
• La réalisation d’investissements économiques (parc Bourdarias avec 130 emplois, les locaux d’activité du Corralin avenue d’Oschatz, du parc des ERM rues Germaine Tillon et Roger Planchon, le laboratoire CARSO…),
• La réalisation de 36 opérations d’aménagement de proximité, par les bailleurs sociaux, la ville ou la Métropole de Lyon, qui ont amélioré la qualité de vie au quotidien,
• La création d’un marché immobilier, avec les logements privés à la location (avec l’Association foncière logement), et des logements privés en accession abordable ou sociale sécurisée, qui ont été acquis par des habitants sortants du parc HLM, pour 50 % vénissians, et a donc permis des parcours résidentiels d’installation et d’enracinement pour certains.

Je souligne que le tramway T4 a joué un rôle décisif, dans la création des conditions permettant une arrivée de l’investissement privé dans le logement, comme les activités économiques. Une dynamique de renouvellement est engagée. Nous nous sommes battus, et avons obtenu sa poursuite et son renforcement. Cependant, le projet urbain ne résout pas les insuffisances de formation, d’échec scolaire ou d’accès à l’emploi. Ce sont d’autres politiques sur lesquelles nous travaillons aussi, chaque jour.

Mais, pour en rester à l’urbain, ce sont entre 2020 et 2030, près de 340 Millions d’euros TTC supplémentaires, qui seront investis par les différents maîtres d’ouvrages (bailleurs sociaux, ville de Vénissieux, Métropole de Lyon…), pour transformer ces territoires, et poursuivre l’amélioration du cadre de vie des Vénissians.

Ce nouveau programme de renouvellement urbain, pour la période 2020 à 2030, est constitué pour Vénissieux, des opérations suivantes:

• La ZAC Marché Monmousseau Balmes, avec l’objectif de poursuivre la transformation le long de l’avenue Jean Cagne, et réussir l’accroche au centre-ville. L’opération de démolition de la grande barre ICF, s’inscrit comme un des éléments préparatifs de cet investissement,
• L’opération Porte Sud Darnaise, avec l’objectif de renouveler ce territoire et renforcer sa vocation économique, en créant une entrée sud valorisante de la ville et de la métropole,

• L’opération Anneau des Parcs, avec l’objectif de mettre en liaison, en synergie et complémentarité, les parcs Minguettes Vénissieux et Victor Basch Clochettes Saint-Fons. L’objectif est de créer une boucle paysagère, de loisirs et de services de 4,2 kms, avec des portes rendant plus visible le parc, des grands axes de circulation,
• Le désenclavement du secteur Léo Lagrange en direction du Bourg, et du secteur Pyramide en direction de l’Hôtel de Ville, pour réaliser la ville «des courtes distances», autrement dit, rendre l’accès plus facile aux habitants, vers des pôles d’offre de services publics(équipements culturels du Cerisier, théâtre et pôle administratif au centre-ville).

Je vous le disais, la démolition de la barre ICF est la continuité d’un projet d’ensemble, qui s’inscrit dans une ville qui évolue avec 4 grands secteurs de projet urbains (NPNRU plateau des Minguettes/ Cœur de Ville / Quartier de la Gare / Grand Parilly).

Vénissieux est souvent victime de préjugés, pourtant, les gens qui viennent pour la première fois sont surpris de découvrir une ville verdoyante et fleurie. Des entreprises viennent s’y implanter, de nouveaux habitants s’y installent, parmi eux, d’anciens Vénissians. Aujourd’hui, la Ville vient de dépasser la barre des 67 000 habitants. Nous devons accompagner cette réalité à tous les niveaux, sociaux, urbains, environnementaux, de mobilité, pour une cohésion humaine et républicaine. Vénissieux est la 3^ème commune de la Métropole de Lyon, avec la vocation d’un centre-ville de rayonnement d’agglomération. Nous le ferons avec la Métropole de Lyon, en imbriquant le Bourg, les services publics et une grande partie des quartiers du plateau des Minguettes, pour créer une dynamique, et permettre de faire vivre un tissu dense de commerces de proximité. Le renouvellement urbain est dans le développement économique, social et écologique de la ville.

La démolition n’est pas une opération d’exclusion, elle exprime que la ville bouge et se recompose sur elle-même, pour permettre à tous de bien vivre, dans son quartier, sa commune. C’est ce que nous voulons faire. C’est ce que nous ferons.