Conférence de presse de rentrée

12 septembre 2014

« Jamais peut-être les orientations nationales n’auront autant pesé sur la rentrée, au niveau local. »

Rentrée 2014 from Michèle Picard on Vimeo.

Je tiens dans un premier temps à vous remercier d’être venus nous rejoindre à cette conférence de presse de rentrée.

Cet été, l’actualité internationale a montré un monde sous tension, en Palestine notamment, où des populations civiles et innocentes ont péri sous les bombes dans la bande de Gaza. La communauté internationale, mais le veut-elle vraiment, doit œuvrer pour exiger la levée du blocus dans un premier temps, et trouver une solution politique durable, à un conflit qui a trop duré, et qui a fait tant de victimes et de drames horribles depuis des décennies. Il faut sortir très vite de ce sentiment d’impuissance, d’inéluctable, reconnaître un Etat Palestinien autonome, indépendant, mais aussi garantir la sécurité du territoire israélien. Tant que l’ONU, les puissances régionales, Israël et la Palestine ne chercheront pas la voie d’un accord politique global, l’espoir de paix restera illusoire. Au Proche-Orient, en Syrie, en Irak, en Ukraine, en Afrique, partout dans le monde, les conflits se radicalisent, et cette spirale de la violence, de plus en plus aveugle, m’inquiète très vivement.

2014 est une année de commémorations forte et symbolique, dans le bon sens du terme. A l’épreuve des massacres actuels, il y a, dans les leçons du passé que nous devons transmettre, un caractère d’urgence indéniable. Agir vite, avant que ne revienne le pire.

La rentrée en France est, elle aussi, mouvementée et tendue. Le mot qui me vient à l’esprit, c’est « l’impasse ». Une impasse explosive. Impasse des politiques d’austérité, menées en Europe et en France, par François Hollande et son gouvernement.

Impasse économique, impasse sociale, impasse budgétaire, impasse d’un pouvoir qui cède tout au patronat, impasse et confusion sans précédent, dans l’esprit des Français qui, à force de subir les mêmes politiques, s’éloignent des urnes, ne font plus de différences entre gauche et droite, et se jettent dans les bras du populisme et de l’extrême-droite. Pauvreté de masse, précarité généralisée, auxquelles se joignent résignation, reniement, ressentiment, sentiment de trahison et d’abandon. Voilà ce qu’alimentent les politiques d’austérité, aveugles, sourdes, méprisantes, imposées à marche forcée, sans se soucier des peuples, qui encaissent les coups et croulent sous les difficultés.

Le chômage explose, la production s’affaisse, le pouvoir d’achat s’effondre, ces politiques créent les conditions d’un désastre économique, social et civique, un remède bien pire que le mal.

En quoi l’austérité à la Française ne déboucherait-elle pas sur le même constat d’échec ? Ce que l’on dénonçait est déjà à l’œuvre : la pauvreté augmente, et s’étend jusqu’aux classes moyennes les plus fragiles (8,8 millions de pauvres en 2014 selon l’INSEE), le chômage atteint des taux record, avec plus de 5,5 millions de personnes en France et, fait récent, il poursuit sa hausse, dans des bassins d’emplois réputés dynamiques. Tous les autres moteurs de l’économie sont en panne, là encore, comme nous l’annoncions : croissance zéro, chute de l’investissement des entreprises, la production industrielle recule (-4% depuis 2013, -11% depuis 2008), la construction de logements neufs est à l’arrêt : -10% en un an. Quand on met en perspective ces chiffres avec les besoins, les urgences et les attentes des Français, on peut dire qu’on fait fausse route, et que l’on va droit dans le mur. En réponse à cette urgence sociale, François Hollande a clairement fait le choix du libéralisme, un libéralisme destructeur, qu’il dénonçait il y a à peine deux ans. Souvenons-nous quand même du candidat Hollande et des mots employés : « Mon véritable adversaire, il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera jamais élu et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance ».

Entre-temps, le patronat a reçu du gouvernement socialiste, plus qu’il n’en demandait ! 41 milliards d’euros en trois ans pour les entreprises, sous la forme du crédit d’impôt compétitivité emploi, puis à travers les exonérations et réductions de la fiscalité incluses, dans le pacte de responsabilité. Des dispositifs qui, par ailleurs, n’ont pas forcément profité aux entreprises, TPE-PME, les plus fragiles et qui en avaient le plus besoin. Et qui n’ont eu aucun effet sur la courbe exponentielle du chômage.

Entre-temps, un ancien banquier d’affaires est à la tête du Ministère de l’Économie, et le gouvernement Valls 2, dans une dérive libérale sans précédent, envoie des signes d’allégeance clairs, à l’égard des milieux d’affaires, de l’Europe des marchés et d’Angela Merkel. Reniement, capitulation, rétropédalage, soumission, je vous laisse le choix du terme : une chose est sûre, François Hollande n’a pas été élu pour appliquer ce programme-là, et là encore, ce décalage entre l’ennemi d’hier, la finance, devenu l’ami d’aujourd’hui, la même finance, crée une confusion des genres et des politiques propice au populisme, et au Front National de Marine Le Pen. Et qu’annonce le gouvernement pour la suite ? Une hausse de la TVA serait à l’étude, les seuils sociaux dans les entreprises seraient remis en cause, véritable atteinte contre les droits des salariés et la démocratie syndicale, les 35 heures abrogées, etc…

Bref, la casse du droit du travail et des services publics se poursuit, voire s’amplifie, et les renoncements à une politique sociale se multiplient. Le détricotage de la loi Duflot, et de l’encadrement des loyers d’habitations, en est la triste illustration.

Pour le peuple de gauche, je crois que l’heure de la clarification a sonné. Remises en cause partout en Europe, les politiques libérales et d’austérité étouffent les populations, les salariés, les fonctionnaires, frappent brutalement les plus démunis, fragilisent encore un peu plus les petites et moyennes entreprises. Je m’y oppose frontalement, et j’invite les citoyens, les progressistes et les Vénissians, à s’emparer de ce débat. C’est le sens et l’esprit de la pétition que nous avons lancée, cet été, à Vénissieux, car l’austérité, imposée par Bruxelles et le gouvernement, vient frapper maintenant de plein fouet les collectivités territoriales et les habitants, de la sorte doublement pénalisés. C’est l’affaire de tous. 11 milliards d’euros en moins pour les collectivités d’ici 2017, est-ce ainsi que l’on va sortir de la crise ?

C’est après le scrutin des municipales, bien sûr, que le gouvernement a annoncé cette véritable douche froide pour les collectivités. La facture qui avait été présentée, -1,5 milliard d’euros en 2014, puis -1,5 milliard en 2015, a été alourdie brutalement.

Ces 11 milliards de baisse de dotations, c’est pour la ville de Vénissieux, une perte sèche, d’ici 2017, de 7 millions d’euros dans notre budget ! Personne n’est dupe, il y aura de lourdes conséquences sur le terrain. Les mesures d’austérité sont d’autant plus absurdes, qu’elles vont toucher et miner l’économie de proximité, et toutes les entreprises stimulées par la force des investissements publics des collectivités. Ces dernières assurent plus de 70% de l’investissement public en France, si l’on enraye ce moteur, on ne sortira pas de la crise, bien au contraire, nous entrerons alors en récession.

Ce que je dis là est valable pour Vénissieux, mais aussi pour l’agglomération lyonnaise. A la tête du Grand Lyon, Gérard Collomb a annoncé une perte de dotations de l’État d’environ 140 millions pour le Grand Lyon, entre 2011 et 2017 ! Là encore, que vont devenir les grands projets structurants et de proximité de l’agglo ?  Comment seront-ils financés, certains seront-ils abandonnés, reportés ? Nul ne le sait. Quant aux missions de proximité, qui touchent au quotidien des habitants, comment seront-elles assurées, imagine-t-on déjà, sous l’astreinte de l’austérité, des missions de service public a minima ?

Jamais peut-être les orientations nationales n’auront autant pesé sur la rentrée, au niveau local.

Rajeunie, renouvelée, l’équipe municipale y fait face, plus que jamais soudée, volontaire et solidaire à l’occasion de cette rentrée, pour laquelle elle travaille sans relâche depuis plus de cinq mois. Pour les familles et les enfants vénissians, la grande nouveauté, c’est la mise en place des nouveaux rythmes scolaires. Alors que l’Etat nous impose l’austérité, le coût de la réforme est d’ores et déjà estimé, pour la ville de Vénissieux, à environ un million d’euros ! Sa mise en place pose également des problèmes matériels : elle met en concurrence les villes en matière de recrutement, et elle crée de réelles difficultés, en termes d’organisation, pour les parents, sans parler des inégalités territoriales, liées aux disparités de moyens entre les communes. Pour autant, nous avons tenu à respecter l’esprit de la réforme, et à l’appliquer avec une réelle ambition pédagogique. Au terme de nombreuses concertations avec les parents et les enseignants, et d’un travail remarquable des services concernés, nous avons fait des efforts considérables, pour la création de 1 000 places supplémentaires en périscolaire, de façon à être en mesure d’accueillir 1/3 de la population scolaire en plus, depuis la rentrée. 10 animateurs référents et permanents, 12 emplois d’avenir, et entre 60 et 80 vacataires supplémentaires ont été recrutés à cette fin.

Nous avons tenu également à garantir un principe d’équité sur l’ensemble du territoire vénissian puisque la mise place de la réforme s’étend à tous nos groupes scolaires. Nous nous sommes fixé un objectif ambitieux, et nous l’avons tenu : ne pas mettre en place une forme de garderie bis, mais proposer aux enfants des activités de qualité, d’éveil, de connaissances et d’accompagnement. Les parents y ont été sensibles. Ici à Vénissieux, cette reforme s’inscrit donc une longue tradition d’avancées et de mesures volontaristes, à l’égard de l’enfance et de l’école publique, pierre de base de notre pacte communal. L’éducation est décidément à l’honneur cette année, puisque l’autre grand fait marquant est lié à l’ouverture du nouveau lycée Jacques-Brel. C’est un événement majeur, pour la jeunesse, pour la valorisation de notre ville et de son image.

L’attrait du nouveau lycée est déjà manifeste, ce que l’augmentation des effectifs confirme, avec l’ouverture de deux classes de seconde supplémentaires. Là encore, une dynamique s’installe, et on connaît l’impact de l’ouverture d’équipements publics, dans la vie et l’essor des quartiers, je m’en réjouis bien évidemment. Il faut surtout que ce bel outil pédagogique profite aux lycéens vénissians, dans le cadre de formations pointues et innovantes.

Il faut se donner tous les moyens, pour lutter contre ce fléau du chômage des jeunes, Vénissieux en a la volonté et l’a inscrit dans son contrat vénissian 2014-2020, en créant à terme, une charte de coopération avec les entreprises installées dans notre commune, ou encore en travaillant à la relocalisation de la mission locale. Une attractivité retrouvée qui porte ses fruits, comme en témoigne l’ouverture, début 2015, des laboratoires Carso. Pour fermer cette large page consacrée à la jeunesse, nous allons inaugurer, sous peu, les nouveaux locaux réhabilités de la crèche Musicaline, qui va passer ainsi de 25 à 30 places. Afin de répondre aux attentes des parents, la ville continue de renforcer ses capacités d’accueil : depuis 2008, 150 enfants de plus ont été accueillis dans nos crèches. Là encore, pas question de se contenter des résultats acquis, mais continuer d’œuvrer sans relâche, pour améliorer nos équipements, et améliorer les conditions et le cadre de vie des habitants. Et faire preuve aussi d’audace, à l’image de la nouvelle résidence intergénérationnelle juniors-seniors de la Roseraie, elle aussi au programme des prochaines inaugurations.

C’est cet esprit de continuité et de renouveau, que cette nouvelle équipe de la majorité, diversifiée, compétente et expérimentée, incarne.

Je me félicite de son énergie, de son implication sans faille et permanente, et du cœur qu’elle met à l’ouvrage, pour poursuivre et consolider l’essor de Vénissieux, au profit de tous les Vénissians. Un renouvellement et un engagement de tous les instant, plus larges encore, avec l’élection des nouveaux délégués des conseils de quartier, d’octobre à décembre prochain, et la mise en place d’un nouveau conseil municipal enfants. J’invite tous les Vénissians, jeunes et moins jeunes, à faire vivre la démocratie de proximité, à devenir des acteurs à part entière du développement, à court, moyen et long terme, de notre commune.

Cette transition m’amène à parler, bien évidemment, de la Métropole, et de la réorganisation territoriale actuelle. Qu’il n’y ait pas eu de concertation des populations et des élus concernés, sur un sujet d’une telle importance, reste à mes yeux un véritable déni de démocratie.

A quelques mois de sa mise en œuvre, le flou demeure, quant à la répartition des compétences, à l’absorption de celles du conseil général, à la délégation de certaines vers les communes, mais lesquelles et avec quels moyens ? C’est bien souvent par la presse que nous apprenons le partage des répartitions, illustration d’un réel manque de transparence et de discussions. Ce flou inquiète, et il inquiète aussi les personnels concernés, les agents et, plus généralement, l’avenir de la fonction publique.

Vous le savez, je défends avec vigueur, le rôle de la commune, élément essentiel du pacte républicain, une commune en forme de rempart contre l’indifférence, et contre la crise, une commune qui rapproche les habitants des décisions, une commune de proximité, à l’écoute des besoins et des attentes des Vénissians. Que l’on procède à une mutualisation intelligente de certaines compétences, je ne suis pas contre, mais je m’oppose par contre, à toute tentative de dissolution, de dévitalisation de la commune. Comme elle l’a fait au sein du Grand Lyon, Vénissieux saura occuper toute sa place au sein de la Métropole, pour défendre l’intérêt de ses habitants, et pour défendre aussi l’équité entre tous les territoires de l’agglomération, moins centralisée et plus partagée.

Enfin, je voudrais revenir à l’actualité récente, insupportable et intolérable, que notre ville vient de connaître, avec l’incendie de l’EPJ Moulin-à-Vent. Une enquête est en cours et toutes les pistes sont envisagées. Si l’origine criminelle est confirmée, ce qui semblerait être le cas, je demande aux pouvoirs de police et de justice, la plus grande fermeté face à de tels agissements stupides, aveugles et dangereux.

S’attaquer à une école, s’attaquer à un gymnase, un équipement public, c’est s’attaquer aux enfants, aux sportifs, aux associations, aux usagers qui les fréquentent chaque jour, c’est anéantir tout le travail de ceux qui les animent. Ces lieux de vie sont le bien commun de toute une ville, de toute une population. Je condamne fermement ces actes délictueux et irresponsables, et j’en appelle à la citoyenneté de tous, à la responsabilité de chacun d’entre nous. Nous sommes tous responsables du bien commun. A ce titre, je viens d’envoyer une lettre aux habitants du quartier concerné, car nous ne laisserons pas briser les solidarités indispensables au vivre ensemble. C’est un défi que nous allons, et que nous devons relever tous ensemble.

Une dernière information pour conclure, je souhaitais vous faire part de la mise en ligne, dès aujourd’hui, de mon nouveau blog, dont l’architecture a été reconstruite et repensée. Plus fluide, plus réactif, destiné au grand public comme aux journalistes que vous êtes, ce site, qui contiendra plus de contenus multimédia, constituera une passerelle entre mon actualité, en tant que maire de Vénissieux, et mon regard de citoyenne et de femme politique engagée, en prise avec le monde qui nous entoure.

Faciliter l’accès à l’information, exprimer les valeurs qui m’animent depuis toujours, voilà les grandes lignes d’un site plus moderne, plus souple et plus vivant.

Je vous invite dès à présent à venir le découvrir. C’est un outil d’informations supplémentaire, de mon action publique et de mes engagements politiques, toujours au service de l’intérêt général et de la vie de la cité. A mes yeux, ces deux aspects ne font qu’un, et c’est à partir de cette complémentarité, que nous avons voulu élaborer ce nouveau blog.

Je vous souhaite donc, à tous et à toutes, une bonne rentrée 2014, une rentrée pleine d’énergie, de convictions et de détermination.

Je vous remercie.

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