Comité général de l’Union départementale CGT du Rhône.

… »Cette crise a un nom : le capitalisme financier, qui saccage l’emploi salarié, les savoir-faire et les territoires. »…

Jeudi 28 novembre 2013

Retrouver l’intervention de Michèle Picard à l’occasion du comité général de l’Union départementale CGT du Rhône.

A l’occasion de votre comité général de l’Union Départementale CGT, je tenais à saluer les secrétaires généraux, les élus syndicalistes, les sections et les unions locales, ici présents dans notre salle Joliot-Curie. Vous le savez aussi bien que moi, le climat social en cet automne 2013 est tendu, voire délétère, si l’on en juge par la teneur des propos radicaux et xénophobes qui se propagent de façon inacceptable. La crise ne justifie pas tout, encore moins cette recherche populiste et systématique de boucs émissaires, pour expliquer les difficultés de notre pays.

Cette crise a un nom : le capitalisme financier, qui saccage l’emploi salarié, les savoir-faire et les territoires. Le chômage est au plus haut depuis fin 97, de l’ordre de 11% de la population active. Si l’on additionne les catégories A, B et C, la France compte près de 4,8 millions de chômeurs. L’observatoire des inégalités, dans son récent rapport, évoque un «changement historique», enregistré depuis une dizaine d’années : si la pauvreté avait baissé entre les années 1970 et la fin des années 1990, elle est nettement repartie à la hausse depuis, et en particulier depuis 2008 : «Entre 2002 et 2011, le nombre de personnes pauvres au seuil de 50 % a augmenté de 1,2 million (+ 31 %) et le nombre au seuil de 60 % a progressé de 1,3 million (+ 18 %)».

Non seulement ces chiffres ne prennent pas en compte les années 2012 et 2013, mais les perspectives qui se dessinent assombrissent encore plus ce tableau déjà sinistre. Depuis un an, nous en sommes à 1 000 plans sociaux, sans compter les annonces de restructurations, de dépôts de bilan, ou de mises en redressement judiciaire. Et certains experts chiffrent à au moins 150 000 le nombre d’emplois menacés dans les mois qui viennent. Les politiques d’austérité, décrétées par Bruxelles et relayées par les états membres, étouffent la croissance, étranglent les populations, mais aussi les services publics et toutes les politiques de proximité initiées par les collectivités territoriales, et plus particulièrement par les communes. Les concours et subventions de l’État accordés à la ville de Vénissieux ont diminué ces dernières années, et au niveau national, c’est près de 4,5 milliards d’euros d’économies d’ici 2015, qui sont demandées aux collectivités.

C’est contre-productif à tout point de vue, pour les habitants, mais aussi pour l’emploi, dans la mesure où les collectivités sont à l’origine de 70% de l’investissement public en France. La bataille pour l’emploi, elle se joue aussi au niveau des territoires et je crois par ailleurs que les territoires constituent une porte de sortie à cette crise, à condition de garantir leur autonomie financière. Notre ville a cette volonté de mettre en place des dispositifs utiles et efficaces, en matière d’économie et d’emploi.

Dans un premier temps, il y a une vraie solidarité avec les salariés et les entreprises, qui font partie de l’histoire et du patrimoine industriel de Vénissieux. Veninov, Renault Trucks, il faut se battre pour l’emploi bien sûr, mais aussi pour garder des savoir-faire incroyables, que le capitalisme financier détruit sans vergogne, par pur profit immédiat. Ces combats se mènent ici, comme sur l’ensemble de l’Est Lyonnais, je pense notamment à la situation très préoccupante des salariés de Bosch, ou encore aux salariés de la Société d’Innovation et de Technologie de Lyon à Gerland.

Être réactif, s’organiser, porter la parole des salariés, peser sur les directions et les pouvoirs publics, ce sont ces objectifs que nous avons tenus à remplir, à travers la création du comité de soutien Veninov, désormais élargi en comité de défense des emplois, des savoir-faire et de l’industrie. Lutter ensemble contre la désindustrialisation, se mobiliser contre la politique de terre brûlée des délocalisations, c’est un double enjeu capital pour nos régions, pour la France, pour les jeunes générations.

A cette volonté de ne pas céder face à la rapacité de la finance, Vénissieux a mis en place des dispositifs qui renforcent son attractivité, et contribuent à aménager son territoire de façon partagée.

Des parcs d’activités déjà, comme Bourdarias, le parc ERM, Pyramidion, ou plus récemment le Couloud, sur lequel le laboratoire Carso (500 emplois, avec une volonté de développement à 700 à moyen terme) va venir s’installer. Dans le cadre de la rénovation urbaine, que ce soit sur le plateau des Minguettes ou dans les autres quartiers, nous appliquons une mixité en forme de règle de trois : nouveaux logements, services publics, commerces de proximité. Pour ces derniers, nous ne sommes pas donneurs d’ordre, mais nous faisons tout pour favoriser, faciliter et accompagner leur implantation. C’est Vénissy, ce sont les nouvelles enseignes et restaurants de l’axe Bonnevay, ce sont des commerces en bas d’immeubles, comme à Paul Bert et Jules Guesde.

Cette ambition de renforcer l’attractivité commerciale et tertiaire de notre ville alimente tous les projets forts et structurants sur lesquels nous travaillons : cœur de ville, pôle multimodal de la gare, appelé à se densifier, développement de l’axe Bonnevay, de Saint-Fons jusqu’au Puisoz. Vénissieux a des atouts considérables pour devenir la grande entrée Sud de l’agglomération lyonnaise, et ce positionnement doit être un moteur pour l’emploi. Dans le cadre du PLU-H en discussion, la modernisation et la réhabilitation de nos zones industrielles sont également à l’étude.

Enfin, l’emploi, c’est aussi l’éducation, la formation et l’accompagnement. 2 546 jeunes sont suivis par la mission locale, et 1 064 Vénissians demandeurs d’emploi ont intégré un parcours professionnel ces 6 dernières années. Les relations fortes nouées avec la CCI de Lyon, Pôle Emploi et les acteurs économiques locaux se concrétisent, sous la forme de partenariats et de forums sur l’emploi, et sur les recrutements en alternance. Pour les populations en difficulté, éloignées de l’emploi, nous avons créé le jardin d’insertion l’Envol, et nous contribuons au Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi.

Je voulais, à l’occasion de votre comité général, rappeler la force des territoires dans le cadre de la lutte contre le chômage. Nous sommes aussi force de propositions, et toutes les actions, tous les projets locaux que nous entreprenons constituent des leviers pour l’emploi de proximité. Nous ne parviendrons pas à sortir de la crise seuls, mais en unissant nos forces et nos mobilisations, les syndicats, les salariés et les citoyens, pour mettre fin aux pratiques libérales, et refonder notre pacte social et républicain. C’est peut-être, ici, à l’intérieur de nos territoires, que cette reconquête commence.

Je vous remercie.

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