Clôture des Musicianes 2019

… »Si nous voulions trouver un point de rencontre entre les deux manifestations, nous pourrions dire qu’à Vénissieux, la culture vit, bouillonne, et s’inscrit dans la durée. Elle est pérenne, et elle va vers les habitants, elle est populaire et mobile, accessible et démocratisée. »…

Il y a deux jours, nous lancions avec l’Espace Pandora, la 10ème résidence littéraire à Vénissieux.

Quarante-huit heures après, nous voilà réunis pour la clôture des 11èmes Musicianes.

Si nous voulions trouver un point de rencontre entre les deux manifestations, nous pourrions dire qu’à Vénissieux, la culture vit, bouillonne, et s’inscrit dans la durée. Elle est pérenne, et elle va vers les habitants, elle est populaire et mobile, accessible et démocratisée.

C’est la culture que l’on aime, qui tend la main, ose et rapproche les Vénissians. Et cette année, les Musicianes l’ont rendue très contemporaine, avec une thématique en prise avec son siècle : les sons en boucle, l’acoustique, la musique répétitive, autant des bases et de matériaux recyclés dans l’électro, le rap et les cultures urbaines. Il y a quelque chose d’hypnotique, de mental et d’envoûtant, dans ces boucles minimalistes et répétitives, dont la figure tutélaire pourrait être Philip Glass, par exemple.

La jeunesse a dû y trouver son compte, mais les musiciens aussi, car à travers le numérique et les nouvelles technologies, la création musicale a défriché de nouveaux moyens d’expression.

Cette programmation des Musicianes, ouverte à la modernité, nous a permis de découvrir le Groupe de Musique Vivante de Lyon (GMVL), laboratoire du son et des techniques électroacoustiques, le travail de compositeurs comme Terry Riley, ou de DJ, et les prestations des élèves et enseignants de l’Ecole de Musique.

Cette semaine musicale est une formidable vitrine, de ce qui se fait à Vénissieux, et une formidable caisse de résonance, pour promouvoir la pratique musicale dans tous les quartiers, et auprès de toutes les populations. Elle illustre une nouvelle fois les synergies, et l’étroite collaboration entre tous les équipements culturels municipaux.

Main dans la main, la médiathèque, notre Théâtre, Bizarre, à la pointe justement de ces nouvelles musiques urbaines, et l’Espace arts plastiques Madeleine-Lambert, en lien avec la résidence de la plasticienne Claire-Georgina Daudin.

Une telle articulation, et une telle mise en commun de moyens humains et matériels, pour l’organisation de ces 11èmes Musicianes, font plaisir à voir. Je sais que tous les acteurs et agents concernés, partagent la même passion, et mettent du cœur à défendre une culture populaire, à portée de tous les habitants, et je tenais à les remercier très sincèrement.

Et puis bien sûr, ces félicitations s’adressent à notre Ecole de Musique, à ses enseignants, sa direction et ses élèves.

Chaque projet artistique programmé, est en relation avec les cours dispensés tout au long de l’année, en direction des 550 élèves, mais également auprès de 2 000 enfants, en temps scolaire et périscolaire, qui bénéficient d’interventions musicales.

Le concert scolaire s’est déroulé devant près de 150 enfants, hier soir. Durant toute la semaine, ce sont donc huit concerts pour au moins 1 000 personnes, et de très nombreux ateliers, qui auront constitué ces rencontres musicales. Les élèves se sont produits avec leurs enseignants, mais ils ont été aussi les médiateurs de la douzaine d’ateliers, qui se sont déroulés à la Médiathèque, mercredi 13 février après-midi, pour un large public familial. Ces ateliers ont été l’occasion de découvertes, souvent ludiques, de la création et de la culture musicale.

Cette année, le GMVL (centre de création sonore et électroacoustique, basé à la Villa Gillet à Lyon), a été particulièrement associé à cette édition, et a trouvé un prolongement avec la résidence d’Anthony Clerc, jeune compositeur qui anime, depuis le mois de novembre et jusqu’en juin, des ateliers de composition assistée par ordinateur, à l’Ecole de musique. Il va permettre à une douzaine d’élèves, de s’engager dans une démarche de création, à partir de sons enregistrés. Un concert de restitution sera programmé en fin d’année, pour la Semaine de la musique.

La création au cœur de la ville, à l’image de notre festival Fêtes Escales, gratuit rappelons-le, pose les fondations d’une culture en mouvement, qui va à la rencontre des quartiers et de tous les Vénissians, une culture de proximité et d’émancipation.

On pourrait poser un calque, entre les différentes manifestations organisées, et les objectifs culturels de notre ville, on y apercevrait les mêmes contours, les mêmes traits. Renforcer l’offre culturelle ; soutenir la création contemporaine et la permanence artistique sur le territoire ; mettre en contact les publics et les œuvres, et ainsi encourager l’expression artistique et culturelle des habitants ; intégrer des nouvelles pratiques, liées au numérique et cultures urbaines ; promouvoir par la culture l’image de la ville, et l’image des Vénissians.

Une culture démocratisée, et une démocratie de la culture, c’est à cela que nous aspirons. La musique doit aller vers l’habitant, dans les groupes scolaires, et l’enfant ou l’adulte, doit pouvoir aller vers la pratique de la musique.

Ce va-et-vient est essentiel, si l’on veut renforcer l’ancrage de la création dans nos territoires, et faire de la pratique culturelle, un levier de l’émancipation et de l’ouverture d’esprit.

L’Ecole de Musique Jean-Wiener, c’est environ 550 élèves et plus 2 000 enfants, touchés par l’action éducative. 85% habitent Vénissieux, 75% sont des enfants. L’école de Musique Jean-Wiener, c’est encore 375 heures d’enseignement par semaine, pour 27 enseignants, soit presque 19 équivalents temps plein. C’est un sentiment de fierté qui doit nous remplir, et nous souder contre la marchandisation de nos sociétés.

Cessons de réduire l’homme à son matérialisme, à son consumérisme, nous avons tous besoin, un besoin vital même, d’écouter de la musique, d’ouvrir un livre, d’interroger une image, de nous remettre en question.

A l’heure des politiques libérales, qui sapent le budget des collectivités locales, qui méprisent la culture, et fragilisent le milieu associatif, notre combat est bien de soutenir la création, de maintenir la permanence culturelle dans tous les territoires, sans discrimination aucune, et d’en démocratiser l’accès et la pratique.

Certains considèrent cette bataille comme secondaire, je la crois au contraire capitale, pour l’avenir de nos villes et de notre société.

Elle n’est pas l’exclusivité du monde culturel, ni des élus locaux, mais le rassemblement de tous, des citoyens à l’ensemble des acteurs de terrain. Car il n’y a pas de musicien sans auditeur, pas d’écrivain sans lecteur. De même, comment imaginer la cohésion sociale et territoriale, sans le socle partagé des libertés et des diversités culturelles ?

Le succès des Musicianes, les résidences artistiques, l’implication de nos équipements, les manifestations et festivals organisés tout au long de l’année, montrent à quel point, ce combat mérite d’être mené collectivement.

Je vous remercie.

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