Soutien de Léon LANDINI, Président de l’amicale des anciens FTP-MOI

Madame Michèle Picard, Maire de Vénissieux

Les survivants des Francs-Tireurs et partisans de la Main d’œuvre Immigrée (FTP-MOI) de la région Rhône-Alpes viennent d’apprendre avec stupéfaction et colère, que le tribunal administratif de votre circonscription, vient d’invalider les élections municipales par lesquelles vous veniez d’être reconduite avec une large majorité, comme Maire de votre commune.

Les mots stupéfaction et colère sont encore faibles pour exprimer ce que nous ressentons devant ce déni de justice.

50 % de nos camarades sont morts au combat, convaincus que leur sacrifice allait permettre à ce que la France redevienne une Nation Libre, indépendante, Souveraine, et Démocratique.

52 de nos frères de combat sont morts sous la torture. Aucun n’a parlé. S’ils ont pu résister aux supplices que leur infligeait la police dite « française » ou la Gestapo, c’est parce qu’ils avaient la conviction que leur souffrance et leur mort allait servir à quelque chose, c’est cette idée qui leur a permis de supporter l’insupportable.

Nous étions convaincus, tous par nos combats, que nous participions à changer ce monde, que nous allions créer un monde idéal dans lequel il ferait bon vivre.

Ce monde idéal dont nous rêvions pendant l’occupation nous est apparu comme quelque chose de vraiment accessible lorsque nous avons pris connaissance du programme du Conseil National de la Résistance (CNR). Ce programme, dont aujourd’hui tous les gouvernants se revendiquent, concrétisait tous nos espoirs.

Nous pensions que désormais, la souveraineté, l’indépendance et la démocratie de la France devenaient des biens inviolables.

Nous avons pris votre invalidation par une juridiction siégeant dans un salon feutré, comme une offense personnelle, convaincus que ces temps-là étaient définitivement révolus depuis la Libération.

Il vous est sans doute difficile d’imaginer l’amertume que nous ressentons en constatant que la démocratie pour laquelle nous nous sommes tant battus soit ainsi bafouée.

Il est vraisemblable que si cette invalidation s’était passée dans une autre ville que Vénissieux, nous aurions probablement été moins mortifiés.

Mais à Vénissieux ! Oui à Vénissieux, cette ville qui a fourni à « Carmagnole » de nombreux combattants. Combattants qui se sont tous conduits héroïquement dans nos rangs.

Cette ville qui depuis la Libération nous a toujours reçus fraternellement, respectueusement, et rendus de grands hommages, les bas-reliefs en bronze apposés sur la façade de l’ancienne mairie où figure le nom de 94 de nos camarades disparus pendant la tourmente, sont là pour en témoigner.

C’est pour ces raisons que devant cette injustice, nous sommes révoltés et nous souhaitons ardemment que tous ceux et toutes celles qui ont la démocratie à cœur, non seulement votent pour vous mais appellent leurs concitoyens et leurs concitoyennes à ne pas rester à la maison ce jour-là.

Convaincus que ces nouvelles élections seront un camouflet attribué à ceux qui pensent pourvoir s’asseoir impunément sur les bulletins de vote et qu’une fois encore la démocratie triomphera.

En vous assurant de notre amitié et de toute note sympathie, nous espérons que nous aurons bientôt le plaisir de trinquer à votre réélection et sachez que votre victoire sera aussi un peu la nôtre.

Respectueusement à vous.

Léon LANDINI

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