Journée de la laïcité

10 décembre 2014

A l’heure où les replis identitaires et les populismes jouent sur les peurs et font preuve de démagogie, je crois nécessaire de réaffirmer son principe et son esprit, car c’est la clé de voûte de notre République, une et indivisible.

La laïcité, c’est la base du respect mutuel entre croyances et convictions, entre croyants et non croyants, entre les confessions elles-mêmes, entre l’espace public d’une part et l’espace privé d’autre part.

Je tiens dans un premier temps à saluer et féliciter Annie-Claude Mermier et Daniel Reynoud, aujourd’hui faits officiers des palmes académiques.

Quatre vies en une pour Annie-Claude, dans le social, au conseil général, dans des missions d’enseignement, en tant que conseillère municipale au service du social à nouveau, de la petite enfance, et puis en 1983, par intérêt pour l’enfance et l’enseignement, elle a rejoint les DDEN. Une vie professionnelle à Rhône Poulenc Chimie pour Daniel, et toujours ce souci d’être utile à sa ville : adjoint au maire à l’éducation et aux loisirs, dès son premier mandat à Vénissieux en 1989, investi dans la vie associative, missionné auprès de la Maison des anciens combattants, président d’honneur DDEN, depuis que Daniel Roy lui a succédé, Daniel a marqué de son empreinte la vie vénissiane. C’est donc une double récompense, juste et légitime, qui vient souligner leur dévouement et leur passion, au service de l’intérêt général, de l’Education Nationale, au service de cette école publique, à laquelle nous tenons tant.

Je tiens aussi à remercier Daniel Roy, président de la délégation des DDEN de Vénissieux, engagé dans ce beau combat de faire vivre, dans les principes et au quotidien, la laïcité. Il y a un an, ensemble, nous plantions l’arbre de la laïcité, (il se porte bien), une belle initiative pour faire souffler le vent de la tolérance et du respect.

Remercier enfin les élus du nouveau conseil municipal d’enfants, qui viennent de nous lire de très beaux textes au pied l’arbre de la laïcité, et qui effectuent depuis quelques semaines leurs premiers pas dans la vie publique. Leur engagement fait plaisir à voir.

Pour la seconde année consécutive, notre ville, en partenariat avec la délégation des délégués départementaux de l’Education Nationale, organise la journée de la laïcité. Il ne s’agit pas d’une commémoration supplémentaire, mais d’un espace de réflexion et d’échanges, autour d’un principe fondateur, celui du vivre ensemble : la laïcité. Cette laïcité dont on parle tant n’est pas là pour stigmatiser telle ou telle religion, la laïcité n’est pas un instrument que l’on agiterait à des fins partisanes, c’est un garde-fou contre les intolérances, contre les rejets discriminatoires et la haine, un bouclier contre la montée des extrémismes et fanatismes de toutes sortes.

A l’heure où les replis identitaires et les populismes jouent sur les peurs et font preuve de démagogie, je crois nécessaire de réaffirmer son principe et son esprit, car c’est la clé de voûte de notre République, une et indivisible.

La laïcité, c’est la base du respect mutuel entre croyances et convictions, entre croyants et non croyants, entre les confessions elles-mêmes, entre l’espace public d’une part et l’espace privé d’autre part.

Philosophe et écrivain, Régis Debray en rappelle les origines : «  Aucune société n’est laïque spontanément. Nous sommes tous portés par des intolérances, des irritations. Nous voulons tous nos privilèges, nos groupes de convictions… La société, c’est un peu la guerre de tous contre tous. L’Etat, c’est-à-dire l’intérêt général, est là pour essayer de pacifier, de coordonner ces tiraillements. Oui, il faut un Etat pour qu’il y ait une laïcité ». Et de conclure : « La laïcité n’est pas une option spirituelle parmi d’autres, elle est ce qui rend possible leur coexistence, car ce qui est commun en droit à tous les hommes, doit avoir le pas sur ce qui les sépare en fait ». Voilà l’essence même de la laïcité, elle permet d’associer les différences, au lieu de les séparer, elle permet de construire, ensemble, une société et un projet de société, en commun. La laïcité, c’est aussi un combat au cœur de l’histoire de France et de la République. La loi de 1905, de la séparation de l’église et de l’Etat, a fait l’objet de rudes et nombreuses épreuves, traçant un arc de cercle entre le siècle des Lumières, Voltaire, jusqu’à une école plus juste, plus démocratisée, de Jules Ferry à Jean Zay.

Nous nous devons de rester vigilants : la laïcité n’est pas à géométrie variable, elle ne se négocie pas, elle ne s’achète pas, elle ne se vend pas, car elle est notre socle commun à tous, notre passé et notre horizon. Il faut agir vite, l’état de l’opinion publique en témoigne : 61% des Français considèrent qu’aujourd’hui ce qui les sépare est plus fort que ce qui les rassemble. Sans la laïcité, vous ouvririez la porte aux divisions et aux replis, aux stigmatisations et aux discriminations, et nous ne voulons pas d’une société, d’une école et d’espaces publics morcelés, où les appartenances à telle ou telle religion prendraient le pas sur ce qui nous réunit, au-delà de nos croyances ou non croyances respectives.

Cette laïcité de la tolérance et du respect, Vénissieux la fait vivre au quotidien, dans le cadre de son projet éducatif local, en sensibilisant à ces questions les jeunes élus du CME, en facilitant et en démocratisant l’accès à la culture, aux sports, à travers l’appel à projets La preuve Form’elle par exemple. Dans le courant de ce mandat, notre ville créera une commission, pour renforcer et consolider toujours plus le vivre ensemble, car ce qui est au cœur du débat, nous le savons tous, c’est la tolérance, le respect de l’autre et de la différence, c’est de faire société, ensemble. Je laisserai le mot de la fin à Henri Pena-Ruiz, philosophe réputé pour ses travaux au sujet de la laïcité en France : « Trop souvent les hommes ont tendance à privilégier ce qui les divise.

Avec la laïcité, il faut apprendre à vivre avec ses différences dans l’horizon de l’universel, sans jamais oublier qu’on a des intérêts communs en tant qu’homme. »

Je vous remercie et vous invite à poursuivre nos échanges, à l’occasion de la projection du film « Les trois vies du chevalier », puis d’un débat animé par Roger Cordier, président du comité 1905 Rhône-Alpes, ce soir à partir de 20h00 au cinéma Gérard-Philipe.

Merci beaucoup.

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