Visite des locaux rénovés et du 20ème anniversaire de l’Equipement d’Accueil du Jeune Enfant (EAJE) Berlingot

… »Les enfants de la crèche ne sont donc pas simplement encadrés, mais accompagnés pour vivre des temps d’épanouissement, avec une équipe dynamique qui a mis la créativité au cœur de son projet d’établissement. »…

Sans être pédopsychiatre, nous savons tous que les années de la petite enfance sont capitales. Il s’y joue la question de l’altérité, de l’imaginaire, de l’ouverture au monde et de l’apprentissage de la vie collective, avec ses joies, ses craintes et ses contraintes.

Lorsque nous parlons des établissements d’accueil du jeune enfant, nous ne parlons pas uniquement de garderie, mais bien de l’éveil et de l’épanouissement de l’enfant. Il faut donc rattacher et penser la petite enfance dans un ensemble plus vaste, comme une étape à part entière du projet éducatif du territoire que notre ville développe et met en place au service de l’enfant bien sûr, mais aussi des familles. Cette ambition, nos équipements la partagent et la font vivre au quotidien.

Berlingot, qui fête ses 20 ans cette année, fait partie du service de la Petite Enfance de la Ville de Vénissieux, qui se compose de 8 crèches municipales, auxquelles s’ajoutent 5 structures associatives partenaires qui complètent l’offre pour un total de 389 berceaux. En 2016, nous avons ainsi pu accueillir plus de 1 200 enfants.

Située au cœur de ville, l’établissement Berlingot a augmenté son nombre de berceaux, en passant de 21 à 24 berceaux à la faveur d’un rafraîchissement de la structure, ce qui a permis d’améliorer son fonctionnement et d’optimiser les espaces. Dans cette structure est accueillie, par une équipe de plus de 10 salariés, une centaine d’enfants différents par an, répondant aux différents besoins des familles, du mode de garde ou de socialisation.

Les enfants de la crèche ne sont donc pas simplement encadrés, mais accompagnés pour vivre des temps d’épanouissement, avec une équipe dynamique qui a mis la créativité au cœur de son projet d’établissement. Je salue la qualité du travail que l’équipe de Berlingot effectue, car elle permet d’ouvrir la petite enfance à son proche environnement : l’école, les partenaires culturels, la diversité des activités et des disciplines.

Les travaux de rénovation et de rafraîchissement (sols peintures et plafonds) qui viennent d’être réalisés pour un peu plus de 100 000 €, ont été l’occasion de remettre aux normes le bâtiment, de moderniser le système de ventilation et de reprendre l’espace jeu d’eau. Ils s’inscrivent dans une double logique d’intérêt général : améliorer les conditions de travail du personnel de la crèche,  et améliorer les conditions d’éveil et d’apprentissage des tout-petits.

Enfin pour être tout à fait complète, au total des 389 berceaux que j’évoquais et que compte la ville, crèches municipales et structures associatives, il faut ajouter  l’ARPE, l’Accueil Relais Petite Enfance, qui permet de recevoir et de traiter les demandes des familles, tout en assurant le suivi des indispensables 357 assistantes maternelles indépendantes de Vénissieux, qui complètent l’offre de garde.

La ville dispose par ailleurs d’un Lieu d’Accueil Parents-enfants, appelé Cerf-Volant, situé au centre-ville. Notre ambition est réelle, concrète, ancrée physiquement et géographiquement dans tous nos territoires. Je remercie la Caisse d’Allocation Familiale, partenaire indispensable et présent tant dans la création de places que dans le fonctionnement des structures. Mais je veux aussi inscrire notre ambition à l’épreuve des politiques d’austérité imposées au forceps aux collectivités locales.

Le coût d’un équipement d’accueil du jeune enfant supporté par la ville, après la participation des familles, s’élève à près de 110 000 € par an pour un équipement comme Berlingot. D’une manière générale, les désengagements de l’Etat et la chute des dotations qu’il verse aux communes (-7 millions d’euros pour notre budget !) fragilisent les politiques de la petite enfance, à l’image de toutes nos politiques de proximité. Les collectivités qui gèrent des crèches sont prises en étau entre la baisse des dotations et les critères de la prestation de service unique. Des premières tendances se dégagent, et elles suscitent des inquiétudes.

Les manques de places d’accueil auxquelles les grandes agglomérations sont confrontées (sur le territoire national, 56 places pour 100 enfants de moins de trois ans, tous modes confondus) risquent de s’aggraver. L’objectif du précédent gouvernement de créer 100 000 places d’ici 2017 n’a pas été atteint.

Malgré les incitations financières de la CNAF, les communes, dont les budgets sont atrophiés par les politiques d’austérité, n’ont pas pu investir autant qu’elles auraient souhaité le faire. Il faut aussi rappeler que le coût de la construction d’une place en crèche a pratiquement doublé en treize ans. De 18 000 euros en 2000, il est passé à 34 000 euros par berceau en 2013, alors que la participation des CAF passait de 6 600 à 8 800 euros par place.

Inflation des coûts, pression insoutenable sur les finances locales, la petite enfance est-elle en train de passer dans les mains du privé ? Aujourd’hui, 37,5 % des places nouvelles sont créées par le secteur marchand, alors qu’il ne gère que 10 % du parc.

Les effets néfastes de l’austérité se lisent dans la déclaration du directeur de la CNAF. Je le cite : « En 2012, nous avions une enveloppe globale d’investissement dans les crèches de 780,5 millions d’euros. Les communes y contribuaient à hauteur de 39,7 %. En 2014, non seulement le montant global a chuté à 310 millions d’euros, mais le taux de participation des communes est tombé à 23,6 %. ». Perdre à ce point la maîtrise publique de ce secteur aurait des conséquences lourdes pour nos enfants.

Autre sujet préoccupant, révélé par l’observatoire national de la petite enfance, le croisement de deux tendances, qui préfigurent des difficultés d’accueil de plus en plus accentuées : d’un côté, l’attrait des familles pour l’accueil collectif ne se dément pas, de l’autre, une baisse marquée du recours aux assistantes maternelles a été enregistrée entre 2014 et 2015 en France, illustration de la précarité et de la perte de pouvoir d’achat que subissent les familles.

Dans ce contexte inquiétant, à la crèche Berlingot comme dans nos autres établissements, gardons en tête et défendons notre approche partagée de la petite enfance : tout faire pour accueillir dans de bonnes conditions les tout-petits, et tout faire pour développer leurs potentialités et leurs capacités d’éveil.

Les politiques gouvernementales à venir devraient inscrire leurs ambitions à la hauteur d’un véritable enjeu de société.

Je vous remercie.

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