Résidence littéraire de Laura TIRANDAZ

… »Une résidence, c’est avant tout une rencontre, une rencontre entre une ville et un auteur, entre un auteur et une ville, entre une géographie et un imaginaire, entre un verbe et les habitants. »…

Notre ville, avec l’Espace Pandora bien évidemment, lance aujourd’hui sa 9ème résidence d’auteur. Nous souhaitons la bienvenue à Laura Tirandaz ,et nous la remercions de vivre deux mois parmi nous, à Vénissieux.

Une résidence, c’est avant tout une rencontre, une rencontre entre une ville et un auteur, entre un auteur et une ville, entre une géographie et un imaginaire, entre un verbe et les habitants. Il faut que ça circule, que les histoires, la vôtre chère Laura Tirandaz, et celle de nos quartiers, partent à la rencontre l’une de l’autre. Un livre dans une bibliothèque nous rassure, un livre qui passe de main en main nous ouvre des promesses, il reste vivant. « Que d’autres se flattent des livres qu’ils ont écrits : moi, je suis fier de ceux que j’ai lus », disait Jorge-Luis Borges. C’est un peu ça, l’esprit des résidences : inviter, initier, diffuser, explorer, passionner et partager.

L’heure est aux présentations. Après une formation au conservatoire de Grenoble et à l’école Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT), vous devenez, Laura Tirandaz, auteur associée au comité de lecture de théâtre contemporain Troisième Bureau. Ecriture de pièces, de poèmes, vous êtes également à l’origine de créations radiophoniques pour Arte Radio, France Culture, et d’un documentaire sonore sur le quartier Berriat de Grenoble. Vous animez régulièrement des ateliers d’écriture et de mise en voix. Je crois également savoir que vous avez été touchée, entre autres, par l’œuvre d’Annie Ernaux et la place du je, son interférence et sa place dans la construction romanesque d’une fiction. Bref, et vous pouvez me contredire, on sent chez vous la volonté de déployer non pas une écriture, mais des écritures, intérieure, sonore, théâtrale et poétique. Je ne doute pas qu’elles résonneront dans nos équipements publics, et parmi les Vénissians.

C’est avec un réel plaisir que Vénissieux sera votre hôte, pendant les deux mois de votre résidence. Ville populaire, industrielle, fière de ses racines, nos politiques culturelles défendent une langue écrite, orale, d’autant plus vivante qu’elle est à la fois publique et associative. Je ne pense pas que vous ayez besoin d’être rassurée, mais Vénissieux a reçu le 13 octobre dernier, au grand auditorium de la Bibliothèque nationale de France, le label 2017 « Ma commune aime lire et faire lire ».

Et puis, Vénissieux a cette chance de compter parmi elle, l’association l’Espace Pandora. Qui dois-je remercier ? Son directeur (et) ou son poète, Thierry Renard, et bien sûr toute son équipe. Implantée depuis sa création à Vénissieux, l’association est animée par la volonté d’irriguer le territoire, d’aller au près des habitants, et d’être dans une dynamique d’échange et de rencontre, autour des œuvres et de la langue. Elle organise des manifestations culturelles, littéraires et poétiques, telles que le Festival Parole Ambulante et Le Magnifique printemps, qui rayonnent sur toute la région Auvergne Rhône-Alpes. L’association met en place des ateliers d’écriture, conférences ou rencontres avec des auteurs, en direction de publics diversifiés, dans les écoles, et avec des partenaires culturels et sociaux. Elle publie également des ouvrages et des revues. Son installation dans de nouveaux locaux appartenant à la Ville, lui offre une meilleure exposition, et la possibilité de développer encore de nouveaux projets, avec un espace adapté à de petits groupes, pour des ateliers d’écriture ou conférence-rencontres, sans oublier le projet d’une librairie associative. Une nouvelle convention de 3 ans, avec les partenaires de l’Espace Pandora, va être signée avec l’Etat, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, et la Ville de Vénissieux.

Votre résidence s’inscrit donc en cohérence, avec les actions menées par la ville, dans le champ de la lecture et du soutien aux artistes et la création, mais aussi les résidences au Théâtre, ou encore d’artistes plasticiens. Samira Negrouche, l’auteur qui vous a précédée, est intervenue auprès de 8 groupes d’habitants, via des partenariats avec différentes structures (centres sociaux, écoles, équipements culturels, PRE…), pour environ 60 heures, touchant ainsi plus de 210 personnes, enfants, adultes, dont des personnes parfois éloignées de l’écriture. Elle a aussi donné des lectures publiques, lors de différents temps forts, rassemblant près de 700 spectateurs. C’est une formidable caisse de résonance.

Mais n’oublions pas que la lecture reste un enjeu social de première importance. La sollicitation permanente des écrans le rend plus aigu encore. Trop de discriminations, sociale et territoriale, subsistent. L’accès au livre reste inégal, selon les milieux sociaux. 43% de la population de plus de 15 ans n’a lu aucun livre en 2012. C’est le cas de 70% des ouvriers et agriculteurs, de 40% des employés, contre 20% des cadres, selon l’Insee.

Par ailleurs, dans un rapport de l’inspection générale des Bibliothèques, les inégalités territoriales sont mises à l’index. 55% des communes, soit plus de 11 millions de personnes, ne disposent d’aucun lieu de lecture publique. Il existe encore plusieurs dizaines de villes de plus de 10 000 habitants, qui ont des bibliothèques très largement sous dimensionnées, voire aucune bibliothèque. Alors oui, notre ville a eu raison de ne pas céder sur son ambition et ses politiques culturelles. Vénissieux est populaire, mais Vénissieux met à disposition de ses habitants, une médiathèque et trois bibliothèques de quartier. Le réseau de lecture publique a prêté 295 700 documents en 2017. Plus de 110 000 passages ont été enregistrés à la médiathèque, pour grimper à environ 170 000- 180 000 dans le réseau global.

Je voudrais signaler l’efficacité de notre travail partenarial, qui nous permet de toucher des publics très différents. A travers nos différentes animations, pendant l’année scolaire 2016-2017, il y a eu 147 accueils de structures petite enfance, 386 accueils de classes maternelles et élémentaires, 20 accueils de classes de collège, 41 accueils en périscolaire, 80 accueils de groupes des centres sociaux, 28 pour les structures d’aide à l’emploi et l’insertion, 77 pour les structures d’accueil de publics handicapés… Ces chiffres montrent une dynamique que notre budget culture (8%), nos agents, la synergie de nos équipements culturels, et la vitalité de l’Espace Pandora, entretiennent au quotidien.

Votre résidence s’inscrit dans ce volontarisme, dans cette résistance aussi aux politiques d’austérité, qui font tant de mal aux collectivités, à la création et au maillage associatif, et dans cette détermination vénissiane, à croire au pouvoir du mot et de l’imaginaire.

Je vous souhaite, chère Laura Tirandaz, de très belles semaines et belles rencontres, dans notre ville. Je vous remercie.

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