Quel avenir pour la vallée de la chimie ?

…Autre conséquence de la désindustrialisation : les friches urbaines, véritables cicatrices paysagères et véritables casse-tête pour nous, élus, qui tentons de trouver des solutions. Si nous sommes favorables à l’aménagement urbain de la vallée de la chimie, sa transformation ne doit pas passer par la liquidation de ses potentiels…

Depuis 2009, l’industrie française a perdu 170 000 emplois salariés directs avec la fermeture d’un millier d’usines. Étude après étude, le doute n’est plus permis, les chiffres publiés par le cabinet Trendeo, qui scrute l’évolution du nombre d’usines en France, montrent que le tissu productif du pays continue de s’effilocher sans interruption ou presque depuis 2009 et la propagation de la crise mondiale. Les données compilées sur les durées des mandats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, font apparaître une véritable hécatombe, que l’action du président socialiste n’a pas freinée.

Au fil des plans sociaux, des délocalisations et des fermetures d’usines, l’Hexagone voit son appareil industriel maigrir et dépérir. Et la politique de l’offre, matraquée par le gouvernement Hollande-Valls, n’a pas produit les effets escomptés. La baisse du coût du travail n’enraye pas la crise de l’industrie. Les 609 créations de sites industriels depuis l’arrivée de François Hollande n’ont pas contenu l’hémorragie.

Si le solde négatif du nombre d’usines tend à décroître depuis fin 2013, l’ouverture de nouvelles unités de production ne compense pas la destruction des sites existants, qui s’est poursuivie sans relâche, à une moyenne de plus de 200 par an. La raffinerie Petroplus, l’usine Goodyear d’Amiens-Nord, le site PSA d’Aulnay-sous-Bois, l’extinction des hauts-fourneaux d’ArcelorMittal à Florange, la vente à la découpe d’Alstom, d’Areva… C’est aussi le cas dans l’agglomération Lyonnaise où les restructurations se poursuivent : Bosch, Brandt, Kem’One, Volvo, Renault Trucks, Silla…. Inutile de multiplier les exemples pour constater l’échec.

Pour opérer le « redressement » du pays, François Hollande, a renié l’essentiel de ses promesses de campagne pour ne jurer que par la baisse des charges des entreprises,  en lançant dès 2012 le crédit d’impôt compétitivité emploi. Un dispositif qui n’a cessé de monter en puissance pour améliorer la compétitivité-coût, accompagné par d’autres mesures du pacte de responsabilité.

En 2016, 34 milliards d’euros d’aides ont été attribués aux entreprises, après 24 milliards en 2015, 10 milliards en 2014. Pour un total de 109 milliards d’ici la fin du quinquennat. « Une politique d’urgence » qui, selon le gouvernement, devait se traduire par la création de quelque 500 000 emplois. Nous en sommes loin ! Par contre, la politique de l’offre a bien redressé les marges des entreprises du CAC 40 qui ont dégagé 45 milliards d’euros de profits en 2015. Pour se réindustrialiser, la France a besoin, non pas d’une baisse du coût du travail, mais d’une montée en gamme permettant de maintenir un coût du travail plus élevé. L’industrie de demain nécessite d’abord et avant tout de sécuriser et de développer le tissu industriel existant et ses emplois.

Nous faisons donc le constat de l’échec de la politique de l’offre ainsi que le constat des conséquences de la désindustrialisation qui a laissé de profondes cicatrices économiques, sociales et culturelles dans nos villes populaires. Fermetures d’entreprises, découragement organisé des salariés sur le plan syndical, perte de vitesse des Comités d’Entreprises, autant de casse de lieux collectifs porteurs de sens, de repères, d’analyse, essentiels à notre société.

Dans notre agglomération, c’est l’appauvrissement de toute une frange de la population abandonnée et concentrée dans les villes ouvrières historiques tandis que les catégories sociales supérieures se développent dans Lyon. Des années de combats menés par les élus locaux ne sont pas parvenues à gommer les fractures territoriales. La vallée de la chimie, bousculée depuis de nombreuses années par les restructurations économiques n’échappe pas à l’hémorragie générale, l’emploi continue de reculer dans ce secteur industriel, pourtant porteur.

Quel avenir pour la vallée de la chimie ?

« L’appel des 30 », le PPRT, le développement durable de la vallée, sont des outils utiles à la ré-industrialisation mais qui ne traitent pas de la production donc pas de l’emploi. Les millions de subventions et d’études injectés dans cette vallée auquel s’ajoute le CICE, le crédit d’impôt recherche n’ont pas, pour l’heure, d’impact sur les investissements privés et la création d’emploi.

Nous avons besoin d’un vrai bilan de nos relations avec ces entreprises et notamment un bilan sur l’emploi.

Autre conséquence de la désindustrialisation : les friches urbaines, véritables cicatrices paysagères et véritables casse-tête pour nous, élus, qui tentons de trouver des solutions. Si nous sommes favorables à l’aménagement urbain de la vallée de la chimie, sa transformation ne doit pas passer par la liquidation de ses potentiels. Le déplacement de la gare de Sibelin, par exemple, serait un très mauvais signe donné à la ré-industrialisation du secteur.

La question se pose aussi à Vénissieux, fort territoire industriel, et je pense notamment à Véninov.

Nous affirmons notre engagement pour le développement d’une industrie d’avenir, innovante et créatrice d’emplois.

 

Je vous remercie,

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