Présentation des vœux de la SACOVIV

… »La vocation sociale et l’utilité de la Sacoviv ne sont plus à démontrer. »…

Le logement social n’est pas qu’un levier parmi d’autres, des politiques urbaines que nous voulons mener. J’insiste sur cette dimension : c’est aussi et surtout, une question de dignité. Dans nos déterminations à construire une ville solidaire, il y a la raison, mais il y a aussi le cœur, un cœur qui partage et qui répond à une urgence sociale. Comment accepter et tolérer, l’indifférence actuelle à l’égard de familles désemparées, incapables de se loger faute de budget, et face à des loyers exorbitants.

Depuis quinze ans, la hausse est plus sensible, pour les ménages modestes et les locataires du parc privé. Selon l’Insee, un locataire du parc privé sur cinq, dépense plus de 40 % de ses revenus pour se loger. Les plus fragiles, mais aussi les jeunes, les étrangers, les personnes à la rue, les couches populaires, et désormais les classes moyennes, éprouvent de réelles difficultés. Peut-on encore faire société, lorsque le logement devient une source de relégation sociale, un accélérateur des inégalités sociales et territoriales ? Combien de temps encore tolérera-t-on le discours de certains, appelant, comme l’union nationale de la propriété immobilière, « l’extinction progressive du parc public ».

Il faut vivre dans un autre monde, pour ne pas voir la réalité qui nous entoure : le dernier rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre estime que, près de 4 millions de personnes sont « mal logées », et plus de 12 millions en situation de fragilité par rapport au logement. A Vénissieux, malgré l’importance de notre parc social, la gestion des demandes de logement social concerne de nombreux Venissians, 4 000 sont en attente, 60 000 pour l’agglomération.

Depuis des années, le logement aurait dû être décrété chantier national, par les différents gouvernements qui se sont succédé. Il n’en a rien été, et beaucoup de promesses sont restées lettre morte. Que ce soit sous Sarkozy ou sous Hollande, les objectifs nationaux de constructions de logements sociaux par an, n’ont jamais été atteints, 150 000 promis, contre à peine 110 000 réalisés en 2015, et 130 000 en 2016.

Aujourd’hui, sous la mauvaise et inquiétante impulsion du tandem Macron-Philippe, ce sont les mécanismes du financement et le modèle économique du logement social, qui sont remis en cause. Premières victimes de la baisse des APL de 5 euros, effective depuis le 1er octobre : près de 6,5 millions de ménages en France, dont beaucoup de jeunes et étudiants. Le projet de loi de finances 2018 annonce même une baisse de 60€, que les bailleurs sociaux sont appelés à compenser, en baissant les loyers du même montant. Dans le cadre de la crise actuelle, que l’exécutif cherche à faire 1,5 milliard d’euros d’économies, sur le dos des bailleurs sociaux, est une aberration. Les effets vont être dévastateurs. On estime que 220 organismes seront dans le rouge, dès 2018.

Derrière, n’en doutez pas, la spéculation va aller bon train, et les bailleurs pris à la gorge, seront obligés de vendre au privé, la partie la plus rentable de leur parc. Ensuite, s’ils veulent s’en sortir, les offices HLM vont lever le pied, sur la construction et la réhabilitation de leur parc. Ainsi, 54 000 logements neufs ne verront pas le jour, et  plus de 100 000 logements ne seront pas réhabilités.

C’est un retour en arrière incroyable, qui non seulement compromet l’aménagement urbain et met à mal les objectifs de la loi SRU, mais en plus, recrée les conditions d’une vraie ségrégation territoriale dans nos agglomérations. Pour les collectivités locales, garantes des emprunts des offices HLM, mais soumises à des pressions budgétaires sans précédent, les marges de manœuvre deviennent de plus en plus minces, année après année.

Tous les acteurs du droit au logement et du logement social, les élus, les militants, doivent se mobiliser pour faire reculer le gouvernement, car ce qui est en jeu, c’est la cohésion et la continuité de nos quartiers, et bien sûr, la solidarité nationale, à l’égard des familles en difficulté et des plus démunis. Facteur supplémentaire de mobilisation : dans son avant-projet, le gouvernement prévoit déjà des ordonnances, pour faire passer en force sa prochaine loi logement. Un vrai déni de démocratie !

J’aurais aimé vous présenter un autre contexte national, vous dire que l’Etat faisait face à ses responsabilités et devoirs, en termes de logements. Ce n’est pas le cas. Mais comme lors des vœux au personnel, j’ai envie de dire à la direction, et à tout le personnel de la Sacoviv, que vous pouvez être fiers de votre travail et de vos missions.

Contre la spéculation immobilière, vous avez choisi la solidarité et la dignité. Contre l’argent fou, vous avez choisi l’accompagnement de familles modestes, de vous battre pour elles, pour qu’elles trouvent un toit, un domicile, un lieu de confort, où la vie privée, l’éducation des enfants et l’intimité, reprennent leurs droits. Après une période de flottement, maintenant derrière nous, chacun de vous a contribué au renouvellement, et à la bonne santé de la Sacoviv. Comme pour l’ensemble de nos services publics de proximité, vos actes sont marqués du sceau de l’intérêt général.

L’année 2017 a été marquée par la pose de la première pierre de la résidence Adagio, composée de deux immeubles de 50 logements sociaux. Le programme étoffe le cœur de l’offre de la Sacoviv, à savoir le locatif social, et poursuit l’urbanisation du Monery, engagée depuis 2009.

Devant vous, deux projets forts montrent l’ambition retrouvée de la SEM. Les réhabilitations programmées illustrent son souci d’entretenir, et rénover l’existant. Il y a celle du Couloud à l’automne 2018, soit 220 logements, d’un montant de 12,5 millions d’euros, intégrée au protocole du programme national pour la rénovation urbaine. Et puis celle du Monery (286 logements) au printemps 2018, d’un montant de 12 millions. La vocation sociale et l’utilité de la Sacoviv ne sont plus à démontrer. Sur l’ensemble de son parc, les loyers restent en moyenne, inférieurs de 10,4% au plafond. Le taux de rotation y est faible et stable, à hauteur de 7,4%, ce qui traduit la volonté des locataires de rester dans leur logement. Et puis il y a votre travail de l’ombre, ce travail essentiel de vigilance, à l’égard des demandeurs dont les ressources sont faibles, et dont les délais d’obtention d’un logement sont trop longs.

Travail de l’ombre encore, en matière de communication et de relation avec les locataires, pour améliorer les échanges et la circulation des informations. La situation d’urgence vécue l’hiver dernier à Max Barel, avec une panne de chauffage liée à une fuite sur le réseau de chaleur, a fait l’objet d’une réflexion pour mettre en place des modes de communication rapides et directs par sms, avec les locataires.

Le temps de l’habitant, le temps de la Sacoviv, le temps d’une politique sociale du logement, ne sont pas identiques, mais vous faites tout pour les rapprocher.

Le Grand Rendez-Vous a montré l’attachement des Vénissians, des acteurs de terrain et de tous nos partenaires, au développement de nos territoires. Des dynamiques solides sont enclenchées. La Sacoviv en est un acteur à part entière. Le PLU-H, fruit d’un travail de longue haleine et positif, engagé depuis 2012 entre la ville et la Métropole, trace des perspectives fortes, en termes d’urbanisme et d’habitat.

Vénissieux a enregistré des objectifs de réalisation de 200 logements locatifs sociaux par an, en 2018 et 2019. Nos politiques solidaires et humaines tirent par le haut Vénissieux. Elles créent les conditions d’une ville en mouvement, une ville qui additionne les différences, par la diversité de son offre, et la possibilité de parcours résidentiels appropriés. 2018, à n’en pas douter, prolongera ces avancées solidaires, auxquelles vous contribuez tant. Je sais que vous serez bien présents, dans le cadre de la construction d’une ville toujours plus humaine, toujours plus solidaire.

Je souhaite à chacun de vous, dans vos vies personnelles et professionnelles, une excellente nouvelle année.

Je vous remercie.

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