Orientations budgétaires 2018

… »Car ce sont bien les Vénissians, que l’austérité pénalise en premier lieu, de façon injuste et injustifiable. »…

Que vont devenir les communes ? Cette question qui pouvait paraître incongrue, il y a peu, est bien réelle aujourd’hui. Pour une fois, je vais commencer par le contexte national, pour bien expliquer aux Vénissians ce qui nous attend, et combien il pèse négativement sur l’élaboration de notre budget.

Les annonces gouvernementales et présidentielles du tandem Macron-Philippe, ont provoqué la colère et l’incompréhension totale de tous les élus locaux, qu’ils soient de droite ou de gauche, urbains ou ruraux. Une colère justifiée, légitime, car jamais les collectivités locales n’ont encaissé autant de mauvais coups, en termes de ressources financières, mais aussi humaines.

Par où commencer cette longue liste de nouvelles alarmantes, pour les politiques de proximité et pour les habitants ? 13 milliards d’euros d’économies demandées aux collectivités, pour les 5 ans à venir, après une chute sans précédent des dotations de l’Etat, sous François Hollande. Le montant de la dotation globale de fonctionnement (DGF) est fixé à 27,05 milliards d’euros, en 2018, contre 30,86 milliards d’euros en 2017, soit une baisse de 3,8 milliards d’euros.  Pour Vénissieux, la part forfaitaire de DGF, qui s’élevait à 11,7 millions d’euros en 2013, a chuté à 5,7 millions en 2017, soit une perte de plus de 6 millions en quatre ans. La hausse de la dotation de solidarité urbaine ne compense pas la chute de la DGF. Contrairement aux arguments de l’opposition, il s’agit bien d’une perte nette dans notre budget, qui affecte nos capacités d’investissement et de fonctionnement. Je continue cette liste interminable. Vous le savez, le gouvernement a annoncé l’exonération progressive de la taxe d’habitation, pour 80% des foyers d’ici 2020. Personne n’est dupe en matière de pouvoir d’achat, ce qui est donné d’une main est repris de l’autre, et on peut déjà citer la baisse des APL, la hausse de la CSG., etc. Mais pour les collectivités, la suppression du levier fiscal a un double coût. Politique, avec, sur le fond, la remise en cause du principe de libre administration, et financier bien sûr.

Selon les premières estimations, la ville de Vénissieux perdrait 9,6 millions d’euros de recettes en 2020. L’Etat s’est engagé à compenser la perte du levier fiscal, mais nous ne savons ni comment, ni à quel hauteur, ni combien de temps. Et l’expérience de la taxe professionnelle nous a montré par le passé, que les compensations promises ne sont jamais à la hauteur des recettes perdues. Ces chiffres sont déjà vertigineux, mais ils sont accompagnés de nouvelles mesures pénalisantes, et contraignantes pour les communes. Coupes dans les crédits Politique de la ville (47 000 euros nous ont ainsi été amputés cet été, sans préavis ni concertation), coupes annoncées de 48 millions de la dotation de soutien à l’investissement local. Les ressources humaines ne sont pas épargnées non plus, bien au contraire. 120 000 suppressions de postes annoncées dans la fonction publique, d’ici 2020, dont 70 000 dans la territoriale !, auxquelles il faut ajouter la réduction du nombre de contrats aidés, 200 000 en 2018 contre 320 000 en 2017, provoquant de vives tensions en milieu scolaire, et dans les associations.

Enfin, pour achever le tableau, le gouvernement a fixé l’évolution des dépenses locales des collectivités territoriales, à 1,2% par an. Derrière cet impératif, le gouvernement n’a pas caché sa volonté d’appliquer un malus sur la DGF, aux collectivités qui ne respecteraient pas cet objectif. C’est à nouveau une atteinte directe au principe de libre administration, et à la décentralisation. Si c’est cela la modernité d’En marche, alors on peut dire qu’il s’agit d’une véritable marche arrière.

Voilà dans quel contexte notre ville a élaboré son budget 2018, sous le feu des contraintes, des incertitudes et des politiques d’austérité. L’équilibre budgétaire, auquel nous nous tenons depuis des années, ne nous permet pas de desserrer l’étau, mais il nous garantit de ne pas finir écrasé, comme c’est le cas pour de très nombreuses communes. Nous poursuivons nos efforts, des efforts partagés, au service de l’intérêt : maîtrise des dépenses de fonctionnement, pas d’augmentation des taux de fiscalité directe, réduction globale des subventions aux associations de 3% (contre 5% en 2016), et maintien de notre capacité d’investissement, à hauteur de 80 millions d’euros sur le mandat. Nous continuerons d’investir au cours de l’année 2018, qui verra le lancement de la réhabilitation de l’école élémentaire du groupe scolaire Pasteur, ou encore la livraison de la nouvelle cuisine centrale de restauration scolaire et sociale.

Je voudrais pour finir contrer un argument faux et fallacieux, comme quoi les politiques d’austérité de l’État et de ce gouvernement, ne nous empêchent pas de poursuivre nos politiques de proximité. La crise est telle, que nous voudrions faire plus encore pour les Vénissians. Il faut être proche du terrain, pour mesurer la détresse et le désarroi de nombreuses familles. Au final, nous devons renoncer, faute de moyens financiers, à des projets qui serviraient pourtant l’ensemble des Vénissians. Aujourd’hui, dans toutes les démarches innovantes que nous menons, je pense par exemple au Forum de prévention des addictions, il nous manque des financements, et nous devons nous battre, pour décrocher des subventions auprès de nos partenaires. Ce n’est pas un cas exceptionnel, mais malheureusement la règle la plus courante. De même, pourra-t-on maintenir à court terme, l’ambition et la qualité de nos temps périscolaires, si l’Etat se désengage et laisse la charge aux seules communes, comme cela pourrait être le cas.

Voilà quelques exemples de missions avortées ou contractées, qui touchent l’éducation comme le social, la culture comme le 3ème âge, la sécurité comme le cadre de vie. En temps de crise, ces actions ne sont pas simplement utiles, mais nécessaires au développement de notre ville, et en réponse aux besoins urgents des habitants. Car ce sont bien les Vénissians, que l’austérité pénalise en premier lieu, de façon injuste et injustifiable.

Je vous remercie.

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