21 février 1944, Ils étaient vingt et trois  

 

Le 21 février 1944, 22 hommes tombent sous les balles allemandes dans la clairière du mont Valérien. Olga Bancic, la seule femme du groupe sera transférée et décapitée à la hache  le 10 mai 1944.

Celestino Alfonso, Joseph Boczov, Georges Cloarec, Rino Della Negra, Thomas Elek, Maurice Fingercwajg, Spartaco Fontano, Jonas Geduldig, Emeric Glasz, Léon Goldberg, Szlama Grzywacz, Stanislas Kubacki, Césare Luccarini, Missak Manouchian, Armenak Arpen Manoukian, Marcel Rayman, Roger Rouxel, Antoine Salvadori, Willy Schapiro, Amédéo Usséglio, Wolf Wajsbrot, Robert Witchitz.

Missak Manouchian, poète arménien et intellectuel engagé, est à la tête de la structure parisienne des Francs-Tireurs Partisans-Mains d’œuvre immigrée (FTP-MOI) dont le groupe est composé d’une soixantaine d’hommes et de femmes d’horizons divers. Dotés d’un courage inébranlable et guidés par un désir insatiable de liberté, ils vont à jamais marquer l’histoire de la Résistance. C’est de leurs histoires personnelles et de leurs souffrances qu’est née leur volonté de s’engager dans la lutte armée contre l’occupant pour faire reculer la haine qui envahissait l’Europe.

Aguerris au combat, pour certains d’entre eux, formés dans les Brigades internationales, leurs actions sont destinées à montrer à l’occupant et à la population française que la Résistance est debout. Casernes militaires attaquées, librairies nazies ou siège du parti fasciste italien pris pour cible, ce sont plus d’une centaine d’actions qu’ils vont entreprendre sur le territoire français. La plus retentissante est l’assassinat, le 28 septembre 1943, du général SS Julius Ritter, qui supervise le Service du Travail Obligatoire (STO), responsable de l’envoi en Allemagne de centaines de milliers de jeunes travailleurs français.

La cavale du groupe Manouchian dont les visages ont été placardés sur « l’affiche rouge », s’arrête en novembre 1943 après des semaines de filature intense. Torturés, ils seront finalement exécutés le 21 février 1944 après un simulacre de procès à grand spectacle organisé par les autorités allemandes. Olga Bancic, seule femme du groupe, condamnée à mort au même titre que ses camarades, sera déportée et exécutée à Stuttgart trois mois plus tard.

« L’affiche rouge », imprimée en 15 000 exemplaires, est un outil de propagande nazie chargée de discréditer l’action du groupe Manouchian. Contrairement aux objectifs attendus, cette affiche suscitera la sympathie dans la population et restera comme le symbole du combat des étrangers contre l’Occupation.

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.

Louis Aragon, Le Roman Inachevé

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